BCCCAP00000000000000000000866

80 CAMillE BÉRUBÉ Parmi les auteurs récents sur la prédestination du Verbe à l'incarnation, A. Gerken est le plus cité par G. Iammarrone, mais c'est généralement pour ré– duire la portée des preuves apportées en faveur d'une incarnation absolue et voulue pour elle-même. Par contre, pour confirmer les critiques adressées à A. Gerken et Zachary Hayes, F. Chavero Blanco et autres, il recourt volontiers à Alejandro da Villalmonte, célébre par ses lectures rénovatrices de Bonaventure et Jean Duns Scot. Ce que G. Iammarrone reproche ici à Gerken, c'est de penser que cette entrée du Christ dans le monde soit voulue "per primo e in assoluto" par Dieu, et d'y voir la pensée vraie et ultime de :Bonaventure 37 • De fait, il y a bien quel– ques textes en ce sens, mais ils sont à côté de tant d'autres qui mènent à d'autres options. Il n'en résulte pas que Bonaventure soit finalement arrivé à une vision claire et radicalement christocentrique. G. Iammarrone ajoute en note: ''Nous le répétons, à notre avis, la vision de Jésus Christ comme ré– dempteur, idée première et absolue du plan d'amour de Dieu, est restée une 'masse erratique' dans la pensée du Séraphique, bien qu'ayant de grandes possi– bilités théologiques" 38 • Par ailleurs, il est indubitable que son enseignement sur Jésus-Christ a contribué à la maturation du christocentrisme absolu d'Hubertin de Casale. "Le christocentrisme du coeur" selon Bonaventure a contribué à la maturation du "christocentrisme de l'esprit" selon Jean Duns Scot et les théo– logiens franciscains postérieurs 39 • En somme, selon Iammarrone, le Docteur Séraphique est important dans l'histoire de la spiritualité franciscaine tant par ce qu'il a réalisé personnellement que par ce qu'il a permis à ses successeurs de mettre en valeur. Il suit l'opinion traditionnelle de l'incarnation pour la rédemption, mais émet déjà dans ses ex– plications l'opinion que la raison profonde de la rédemption ce n'est pas prin– cipalement la malice du péché, l'offense de Dieu et la misère du genre humain, mais l'excessive bénignité de Dieu qui ne permet pas le mal sans prévoir qu'il le réparera par le sacrifice du Fils de Dieu fait homme4-0. 203. 37 Ibid, 205. 38 Ibid, 207. 39 Cf. ibid, 212. 40 Bonaventure, Sent. III, a. 2 q. 2, n. 6. Cf. G. Iammarrone, La cristologiajrancescana, 201-

RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz