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76 CAMILLE BÉRUBÉ péché, puisqu'il expose ici encore les multiples convenances pour une union de Dieu ou d'une personne divine avec un etre créé, en donnant comme raison principale et nécessaire la rédemption du genre humain déchu par le péché. Mais il a parfaitement raison d'assurer que la rédemption n'est pas seule– ment une réparation de l'offence faite à la justice divine mais aussi bien qu'elle est avant tout la manifestation de l'excessive bienveillance de Dieu pour l'homme. Parce que le péché d'Adam est une exaltation orgueilleuse de son amour propre, cette rédemption prend la forme d'un anéantissement de la sou– veraineté de Dieu, par l'incarnation du Christ, sa mort sur la croi.x et sa résur– rection glorieuse comme l'excès contrai.te de la misère dans lequel l'homme est tombé et de l'immensité de l'offense faite à la bienveillance de Dieu. Cette insistance de Gerken sur l'excellentissime benignité de Dieu dans la rédemption selon Bonaventure nous ramène à la prédestination du Christ à l'amour le plus grand possible dans un etre créé, selon la conception scotiste. Les deux maitres franciscains voient dans la surabondance dc l'amour de Dieu et du Christ pour l'homme la raison inductive tant de la création que de la ré– demption. L'histoire de la pensée franciscaine montre que ni Bonaventure ni Duns Scot n'ont été les premiers à soutenir que l'incarnation était une oeuvre d'amour trop grande pour etre subordonnée au défi du péché dont la possibilité est inséparable de la liberté dans un etre fini. C'est sur ce point que la compa– raison de la conception bonaventurienne et la conception scotiste devient inté– ressante. Ce n'est pas en évoquant les dégradations de la doctrine èe l'amour pur et en lui substituant une exaltation de la prédestination du Christ à la gioire de Dieu et du Christ lui-meme ou la p~rfection de la nature humaine par son union avec le Verbe, camme on peut le lire chez S. Dupasquier et D. Unger. C'est en pensant à ce scotisme tardif que Gerken confiait au lecteur la raison inductive de sa Théologie du Verbe: "Ce qui nous a poussé à cette étude, c'est cette considération que le Bonaventure des écrits d~ la deuxième pé– riode fait preuve d'un christocentrisme origina!, qui par sa cohérence et son universalité, parait jeter dans !'ombre la conception scotiste elle-meme... Bo– naventure, au moins dans le commentaire sur les Sentences, n'adhère pas, sem– ble-t-il, à la doctrine christocent.rique défendue plus tard par les Scotistes 27 , A cette époque on ne pouvait s'attendre à ce que l'auteur distingue entre la conception scotiste originelle, celle de Scot lui-meme et celle de maints V Gerken, La théolu!ie d11 Verbe, 11 et 14.

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