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CAPUCINS POLONAIS DÉPORTÉS EN RUSSIE ET EN SIBÉRIE 463 souvent aux historiens, légende et faits historiques ont été confon– dus. L'auteur est donc d'avis qu'il n'a existé qu'un seul individu, à savoir Élisée Schütz, tchèque, de la province tchèque des capucins, et que les récits sur le P. Élisée Glçbocki, enveloppés d'une très édi– fiante légende, sont sujets à caution. D'autant plus que les mémoria– listes polonais n'en ont seulement jamais prononcé le nom. Muets aussi à son sujet les catalogues capucins polonais. Nous avons, sur le P. Martin Po dg 6 r ski, un mémoire authentique. Cette relation remonte à l'époque consécutive à l'in– surrection de 1863. Elle est due à la plume de Marian Dubiecki2°, plus tard historien de renom, et qui l'entendit de la bouche d'un nommé Adolphe Pilchowski. Ce Pilchowski avait été déporté à Tambov après le soulèvement militaire de 1830-1831; rentré au pays en 1851, il devait reprendre, en 1861, le chemin de l'exil. Il se retrouva au lieu même de sa précédente déportation. Ce fut à Tambov donc qu'il raconta à Dubiecki, lui aussi déporté pour sa participation à l'insurrection de 1863, son aventure datant de la première dépor– tation. Noble polonais et fortuné qu'il était, il considérait cette premiè– re déportation comme une aventure vécue, une aventure de plus dans sa vie. Il entretenait des relations de société avec l'intelligentzia locale et avec la noblesse des environs, qui affluait en masse à Tambov aux mois d'hiver. La vie de salon battait son plein. Pil– chowski, gentilhomme cultivé, avec attaches dans le grand monde, pétillant d'esprit, était la coqueluche de cette société désœuvrée. Un certain jour qu'il se préparait à aller au bal, il aperçut dans une glace un homme à la barbe très longue, mi-nu, à peine couvert d'une « riassa » (sorte de soutane portée par le clergé russe) en loques. Interpellé, l'homme déclara: « Je suis prêtre catholique, capucin de Stary Konstantynôw ». Notre polonais apprit, par la suite, d'une lettre du colonel local de la gendarmerie, que ce dernier avait découvert au cours d'une inspection de prison un ecclésiasti– que catholique rongé de vermine. Le détenu pouvant demeurer quel– que temps hors de la prison, ce colonel priait Pilchowski de prendre, à title provisoire, soin du. malheureux. Bouleversé par cette rencon– tre peu commune, Pilchowski commença par faire le sacrifice de son anno MDC in Domino defunctorum noviter conscriptus anno 1782; Bibliothèque de l'Uni– versité de Prague, Ms. 2679, XIV H 34: Catalogus Fratrum Minorum Capucinorum... [pro– vinciae bohemicae an. 1681-1781] conscriptus a P. Benvenuto Policensi Capucino... [microfilms en possession de l'auteur); Archives de la Province Tchèque des Pères Capucins, Ms. [Acta capitulorum ex anno 1791 et 1797] (microfilms en possession de l'auteur). 20 Polski Slownik biograficzny V, Krakôw 1939, 428-430.