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CAPUCINS POLONAIS DÉPORTÉS EN RUSSIE ET EN SIBÉRIE 475 verts de neiges éternelles. Au sud, coule l'Irkout. La vallée, vers l'ouest, s'étend à l'infini. Les eaux de l'Irkout roulent au milieu de la vallée. L'affluent Tunka, qui traverse le village du même nom, se précipite là dans l'Irkout. Les hameaux de Sibérie sont minables. Leurs maisonnettes s'égrennent le long des routes. Une pénurie matérielle atroce saute partout aux yeux. Dans la localité qui nous intéresse, les marais sont nombreux, l'air corrompu et malsain. Les prêtres recevaient 6 roubles par mois, avec cette restriction que tout revenu arrivant d'ailleurs entraînerait automatiquement la suspension des 6 roubles. Les premières années furent des plus dures. Les prêtres se mirent au travail: les uns, à la culture du sol, les autres, à l'artisanat. Une faible minorité tâcha de se plonger dans l'étude. Dans l'ensemble, les prêtres du village disposaient d'un millier de volumes. Venceslas à lui seul en possédait une centaine. Venceslas menait à Tunka une existence irréprochable: « Quotidiennement à la messe, il pratiquait la communion fréquente vêtu de sa robe de capucin; il assistait aux conférences spirituelles; chez lui, il s'adonnait surtout aux lettres. Il était aimé et respecté de tous». Tel est le témoignage déposé sur son compte per l'abbé Narkiewicz. L'abbé Stanislas Matras, auteur de mémoires de Tunka, met Venceslas Nowakowski au nombre des âmes zélées et pieuses 53 • Mettant à profit la blibliothèque de la communauté des prêtres, Venceslas se mit aux études. La collection de livres disponibles renfermait de bons ouvrages scientifiques. Ce fut donc à Tunka qu'il put: préparer une histoire du diocèse de Luck; faire un résumé de l'ouvrage de !'archiprêtre orthodoxe Nil sur le bouddhisme; rédiger une ample dissertation sur l'Union de Brest; écrire un drame, son œuvre unique dans ce genre. La pièce a pour sujet une assemblée au cours de laquelle un prêtre-usurier est exclu d'une société 54 • De concert avec l'abbé Kluczewski, il fut le rédacteur d'un journal pour les prêtres exilés, le Wygnaniec (l'Exilé), qui devait paraître bi-hebdomadaire. La feuille devait rappeler l'ideal qui doit illuminer le comportement de tout prêtre honnête. Le journal voulait: « réveil– ler les endormis, ragaillardir les faibles et les assoupis, inciter tout le monde à la persévérance ». Malheureusement, seuls cinq numéros parurent 55 • 63 E. z S., Wspomnienie, 2-5, 9, 23, 30; Relation de l'abbé Narkiewicz, Cracovie, le 20 novembre 1878. 54 E. z S., Wspomnienie, 29, 30, 32. 56 X. Miko!aj KULASZYNSKI, Trzy pisma z wygnania, Lwôw 1890, 78, 79.

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