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CAPUCINS POLONAIS DÉPORTÉS EN RUSSIE ET EN SIBÉRIE 469 En 1876, mourut à l'hôpital d'Arkhangelsk un aliéné, le P. Hilaire Koziorowski, bernardin de Radom, qui avait lui aussi été déporté en Russie, en 1861. Son compagnon d'exil, le P. Juvénal, lui fit des obsèques catholiques. Dans le «gouvernement» d'Arkhangelsk, le climat social semble avoir été plus libéral qu'ailleurs. C'est ainsi que les prêtres qui n'avaient pas perdu les droits civiques jouissaient, ici, de la faculté d'administrer les sacraments, baptêmes, mariages, etc., sous réserve de permission consentie, pour chaque cas particulier, par le gouver– neur. En 1876, dans le «gouvernement» entier, 10 prêtres séjour– naient36. En 1881, le P. Juvénal put, par l'entremise de son bienfaiteur, prendre contact avec le P. Fidèle Paszkowski, son ancien lecteur. Ce dernier procura bien des joies spirituelles à notre exilé. Il lui fut particulièrement agréable d'être nommé par les auto– rités administratives au poste d'aumônier des compagnies de disci– pline, qui comptaient plus de 200 catholiques. Il ne percevait là aucune rétribution, mais en espérait « in futuro ». La chose ne se– rait pas dénuée d'importance, surtout depuis la suppression du versement des 8 roubles mensuels qu'il recevait pour sa subsistance. La situation matérielle se faisait précaire: beaucoup de familles catholiques avaient quitté la ville, et la petite église devenait de plus en plus vide et pauvre. Par contre, la cherté de la vie allait croissant. Le pain, la farine même se faisaient rares, « et le long hiver vient terrifier le peuple du lieu par la vision d'une famine immanquable » 37 • Deux années passent encore: le voilà le seul prêtre resté à Arkhangelsk. Il écrit à l'abbé Kieran.ski: « En tant que prêtre, je demeure ici seul de mon espèce. L'orpheline petite église sur laquelle je veille et que je dessers avec ce qui me reste de forces, les quelques offices pastoraux que je puis exercer au profit de mes corréligionnaires, voilà la seule raison qui m'a retenu à cette lisière nord du monde, la raison pour laquelle je n'ai pas suivi mes autres frères, exilé comme eux, en d'autres contrées de la vaste Russie, pour y achever mes jours ». Le seul moyen d'avoir de quoi vivre, c'étaient les aumônes venues du pays natal, sous la forme d'intentions de messe. C'est grâce à elles, écrivait-il, que « je défends de la ruine la Maison de Dieu, alors que par le morceau ao Warta, 1881, n.348, p.3492; Wiadomosci koscielne, 1876, n.27, p.267; n.35, p.339. Le numéro 27 de ce journal donne, sur les prêtres d'Arkhangelsk, des renseignements quelque peu fallacieux. 37 AR, Lettre du P. Juvénal, datée du 2 juillet 1881, à l'abbé Al. Kieronski.

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