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LES CAPUCINS AU SERVICE DES PESTIFÉRÉS 197 dant quelque temps, il fut frappé de la même maladie, et receut la couronne de martir de la charité » 24 • A la fin de ce même mois d'août, c'était le corps du P. Illuminé de Rouen qu'on ensevelissait au cimetière Saint-Maur. Nous l'avons vu se dépenser auprès des pestiférés de Caen en 1621 avec le P. Simon, et guéri soudainement. Revenus l'un et l'autre se reposer au couvent, il demandèrent, l'année suivante, à exercer le même ministère à Rouen. Le P. Illuminé devait laisser dans la ville de Caen le souvenir d'un saint religieux. « Quoiqu'il fut fort studieux et retiré, il n'a jamais rien refusé à ses supérieurs quand ils ont eu besoin de son service - écrit le P. Phi– lippe de Paris. Il avoit un si grand mépris pour luy-même qu'il s'addonnoit à toutes les actions les plus basses... Il étoit si officieux et si humble, qu'il allait chercher le bois et l'eau au cuisinier pendant le temps qu'il étoit le plus occupé à ses études, et aux occasions, il suppléait à sa place, ne refusant jamais rien... Il ne trouvait rien à redire de ce que faisaient ou ne faisaient point les autres, se croiant le plus mal mortifié ». Après avoir évité la contagion de justesse à Caen, il mourut saintement dans l'exercice de son périlleux ministère 25 • Décédé le 31 août 1622, le P. Illuminé de Rouen allait être suivi, dès le lendemain, par le Frère Julien de Nesle, frère laïc. C'était un religieux exemplaire, « tant dans le dedans que du dehors, grand contemplatif, emploiant fidèlement son temps hors le temps de l'orai– son a laquelle il ne manquoit jamais, il faisoit ses offices avec beau– coup d'exactitude». Frère Julien partit pour Rouen où le P. Bernardin de Fatouville « l'envoia avec les autres pour s'exercer dans cette sainte et charitable action. Ce ne fut pas pour longtemps. Après avoir assisté temporellement ces pauvres malades pestiférez, il mourut, attaqué de cette maladie», le Ier septembre 26 • L'annonce de ces décès successifs parvenait régulièrement au cou– vent provincial de la rue Saint-Honoré à Paris, où le P. Honoré avait été maintenu dans sa charge le 2 septembre 1622. L'hécatombe de Normandie n'était pas encore terminée. Bientôt, on apprit à Paris le décès du P. Barthélemy d'Eu, du couvent de Fécamp, venu spon– tanément à Rouen au secours des contagieux, et qui, quinze jours plus tard, « fut atteint du même mal qui le fit mourir, et recevoir la récompense de sa charité, vers la fin du mois de septembre ». Le P. Josaphat de La Poterie le suivit de près. Ce dernier « étoit grandement vertueux et de bon exemple, fort silencieux, et aiant un grand mepris de soy-meme. Il étoit fidèle à se trouver à 21 Bibl. nat., f.fr . 25.044, p.266. 20 Bibl. nat., f.fr . 25.044, p.268. 2e Bibl. nat., f.fr . 25.045, p.26.

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