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196 RAOUL DE SCEAUX et que les personnes affligées d'icelle souffrent beaucoup de nécessité. Pour a quoy pourveoir, et empescher l'augmentation de ladicte mal– ladie, mesmes subvenir a la nourriture et logement de quelques Pères Jésuites et Capucins qui s'offroient pour assister lesdicts malades, il exhortoit toutes les compagnies, et en particulier les ecclésiastiques de contribuer selon leur pouvoir et moien ausdictes affaires de la santé, comme avoient faict Messieurs dudict Parlement lesquels avoient pour ce subject paié jusques a la somme de trois mil escus » 20 • D'accord avec les magistrats, les capucins organisèrent la lutte contre la contagion, encouragés par le P. Bernardin de Fatouville, gardien du couvent de Rouen. Le premier religieux qui s'offrit à lui pour se dévouer auprès des malades fut le P. Ephrem de Coutan– ces. Il « assista entre autres un Frère qui étoit attaqué de cette mala– die, jusqu'au dernier soupir, luy administrant les sacrements, et, après qu'il l'eut inhumé, pour sa récompense fut frappé de ce cruel mal, et mourut martir de la charité», le 3 juillet 1622 21 • On l'enterra dans le cimetière Saint-Maur, alors réservé aux malades et au person– nel de !'Hôtel-Dieu. Il fut suivi de près par le jeune Père Christophe d'Amiens, étudiant en théologie au couvent de Caen. « Aiant obtenu la sainte obédience du Très Révérend Père Bernardin de Fatouville... il se donna tout entier au service de ces pauvres ma– lades pestiférez avec une charité inconcevable pendant l'espace de trois semaines qu'il leur administra les sacremens et les nourritures cor– porelles. Il fut luy-même attaqué de ce mal le XIe jour du mois d'aoust » 22 • Deux jours plus tard, le P. Sébastien de Rouen le suivait dans l'au-delà. C'était un prédicateur de renom, très fidèle religieux, mais aussi un exégète et un linguiste, car « il entendoit toutes les langues saintes, l'hébraïque, la latine et la grecque, et les parloit comme sa langue maternelle ». Lui aussi s'offrit à secourrir les contagieux, « avec une grande ferveur d'esprit et charité, et aiant exercé les œuvres de miséricorde pendant quelqu'espace de temps, fut frappé de la même maladie». Il s'éteignit le 13 août 23 , suivi, dès le lendemain, par le bon frère Claude de Cherbourg profès depuis le 17 juillet précédent. Déjà, durant son noviciat, le Frère Claude avait donné des preu– ves de sa charité en soignant les malades, et s'en était acquitté à mer– veille sans contracter le mal. « Après avoir fait sa quarantaine, il fit profession au milieu de l'Eglise, après quoy, il fut donné pour compagnon au R.P. Simon de Rouen... et travaillant avec luy avec beaucoup d'amour pour le prochain pen- 20 Arch. dép. Seine-Maritime, G 2185. 21 Bibl. nat., f.fr . 25.004, p.264; Nécrologe du Titre, 15. 22 Bibl. nat., f.fr . 25.044, p.265. 2 3 Bibl. nat., f.fr . 25.044, p.265; Nécrologe du Titre, 15.

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