BCCCAP00000000000000000000849

190 RAOUL DE SCEAUX en 1606 1 . Là encore, on se borna aux précautions les plus élémentaires: interdiction aux bouchers d'exposer en vente « aucune viande souf– flée » 2 , défense aux voyageurs d'entrer dans la ville, expulsion des mendiants. Quant aux malades on prit le parti de les cadenasser chez eux. Quand l'épidémie présentait un caractère vraiment urgent, il fal– lait, de toute nécessité, hospitaliser les pestiférés. Imprévoyantes, les municipalités d'alors se trouvaient aux prises avec des difficultés inouïes, par exemple à Angers en juillet 1602, quand les échevins projetèrent de placer les contagieux à l'hôpital. À cette nouvelle, les administrateurs de cet établissement protestèrent, prétendant réser– ver leur maison aux malades ordinaires. On décida alors d'ache– ter un local sis en l'île Briant, près du faubourg Saint-Jacques, pour y loger les contagieux. Il incombait encore aux échevins ange– vins de trouver un local pour entreposer « les vins, bleds et aultres provisions et commoditez quy sont annoncés pour la nourriture des pauvres et religieux ». Un seul lieu leur paraissait devoir donner satis– faction, c'était la « Chartrerie de l'hôpital», mais quand les adminis– trateurs apprirent ce projet, ils déclarèrent que si on utilisait la Chartrerie comme entrepôt pour les vivres des pestiférés, ils quitte– raient la direction de l'hôpital, et laisseraient à la municipalité la res– ponsabilité des malades 3 • Et des difficultés similaires se renouvelaient souvent. La capitale elle-même n'échappait pas à ces épidémies épisodi– ques, qui paralysaient la via des petites gens. En 1606, la peste retarda ainsi le baptême du dauphin. Malgré le mal qui commençait à se propager dans Paris, le Corps de ville accueillit la marraine du futur Louis XIII, Eléonore de Médicis duchesse de Mantoue, épouse de Vincent 1er duc de Mantoue, et sœur aînée de Marie de Médicis reine de France 4 • Déjà, parmi les échevins venus l'accueillir à son arrivée, certains se trouvaient malades. Quant au procureur général du roi, il crut plus prudent de sortir de Paris en raison des maisons atteintes de la peste. Henri IV lui-même, devant l'importance du danger, crut bon de se réfugier, avec la cour, à Fontainebleau, où l'on célébra en septembre 1606 le baptême du dauphin 5 • 2. - Dévouement des capucins à Tours Partout, les capucins sont présents pour soigner et assister les malades. À Tours, en 1607, l'épidémie qui causa une grande misère 1 F.C. MEURET, Annales de Nantes II, Nantes 1837, 148. 2 Bibl. mun. de Nantes, coll. Prevel, ms. 2169; J. ÜGÉE, Histoire de Nantes, 13,m, cahier, f.?v-8. 3 Arch. corn. Angers, BB 50, f.39, 40. • L. MORERI, Le grand dictionnaire historique VI, Amsterdam 1740, 241. s Arch. nat., HZ 1794, f.124v; Délibérations du Bureau de la ville de Paris XIV, 107.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz