BCCCAP00000000000000000000849

202 RAOUL DE SCEAUX infirmeries voir et visiter les malades, prendre occasion de leur ren– dre service, et... quand on luy donnoit plusieurs choses a faire dont on luy donnoit le choix, il prenoit le plus pénible et le plus difficile, comme de frotter les marches, de balayer l'Eglise et autres sem– blables». Sa ferveur se manifestait parfois même d'une manière qui semblait à quelques uns un peu intempestive, car « lorsqu'il venoit de dehors, ou qu'il eut été en campagne, quand il revenait... quoyqu'il fut crotté, mouillé et fort fatigué, il alloit... a Matines avec les autres et chantait avec une si grande ferveur que l'on l'entendoit par dessus tous les autres ». Il ne demeura que quinze jours auprès des malades: « Il fut attaqué quoyqu'il ne fut point valétudinaire; il receut ce violent et terrible mal avec une patience d'ange... il mourut comme il avoit vécu, en saint, le 17 d'octobre, et fut enterré au cimetière de Saint Maur de Rouen » 35 • Huit jours plus tard, le 25 octobre, c'était au tour du P. André de Dieppe d'être emporté par la peste, après s'être employé « avec ferveur a servir les pestiférez ». Enfin le dernier capucin martyr de la charité, en cette année 1623, le P. Ange de Rouen tomba, à son tour, le 4 novembre. C'était un reli– gieux « très exemplaire, très solitaire... et estimé de tous les religieux pour un saint ». En possession de l'obédience qui l'habilitait auprès des contagieux de Rouen, le P. Ange commença son ministère, jouis– sant d'une parfaite santé, « étant sur pied nuit et jour ». Il trouva au lazaret « des pauvres gens malades, n'aiant pas la force de se retirer d'auprès des corps morts et puans qui étaient proches d'eux, couchez sur un peu de paille, qui n'avaient pas une goutte d'eau pour leur rafraichir la bouche». Il trouva au lazaret un confrère, le P. François Marie de la Bour– donnière qui ne laissait pas de soigner les malades, « se traînant en 'boettant d'un coté et d'autre ». Mais « le mal fut plus fort que son corps et que son bon cœur tout brûlant de l'ardeur de les secourir encor ». Il lui fallut se coucher. Quant au P. Ange, il se sentait à bout de forces et dut, lui aussi, s'aliter. Ne pouvant célébrer la messe un dimanche matin, le P. François Marie « aiant un peu plus de forces, la célébra et communia le P. Ange, et puis s'allèrent jetter sur leurs couches de paille dans une même cham– bre. Les médicins et chirurgiens les vinrent visiter, et les jugèrent danger de mort ». 35 Bibl. nat., f.fr . 25.044, p.302.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz