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LES CAPUCINS AU SERVICE DES PESTIFÉRÉS 201 l'attends avec joye comme le terme de mon bonheur, car je jomre par la miséricorde de Dieu de la vision éternelle de cette Majesté Di– vine. Je ne crains pas la mort... Dieu est miséricordieux. J'ay donné ma vie pour Luy, comme il a donné la sienne, j'espère tout de sa croix, de sa mort, de sa passion. Je loue Dieu de mourir parmy les malades que j'ay assistés». Il se prépara, tenant son crucifix d'une main et sa Règle de l'autre, et s'éteignit le 17 septembre 1623, assisté par le P. Simon de Rouen. Quelques heures auparavant, ce dernier s'était jeté au cou du mourant et lui avait dit: « Je voy bien, mon cher Père, que Dieu va vous récompenser de votre charité, et que vous allez jouir de la béatitude éternelle. Je vous sup– plie de vouloir obtenir pour moy la grâce de vous suivre et de quitter ce malheureux pays plein de larmes, de misères et de péchez, afin que comme nous avons été fils d'un même Père, nous jouissions ensemble du bonheur d'être participans de sa gloire». Quand le Père Gardien du couvent de Rouen eut entendu cette confidence de la bouche du P. Simon, il lui dit: « Mon cher Père, ne craigné rien, Dieu est trop bon pour vous refuser cette grâce. S'il n'accomplissoit pas vos désirs, je me plaindrois à Luy de Luy-même, sans doute il entérinera votre requête, elle est trop juste». Au même moment, le P. Simon ressentit comme un grand frisson et ajouta: « Je ne scay pas ce qui en sera, mais je me trouve très mal. c'est pourquoy, je vous prie de me donner votre bénédiction. Il se mit à deux genoux, reçut la bénédiction du P. Gardien et lui dit adieu. Aux autres religieux qui l'aidoient à se rendre auprès des malades, il avoua qu'il se reconnoissoit très mal, et qu'il voioit bien le pouvoir qu'avait eu le pauvre Père deffunt Nicolas de Caen, puisqu'il luy avoit obtenu sa demande, et qu'il alloit avec luy voir le Dieu de bonté qui vouloit le retirer à Luy ». Il se prépara à la mort, et deux jours après le décès du P. Nicolas, s'éteignit à son tour. Non seulement ses frères le regrettèrent, mais « toute la ville de Rouen en porta un grand deuil, tant les grands que les petits, ecclésiastiques et laïcs 34 • A l'automne de l'année 1623, la peste régnait toujours à Rouen, et empêchait le duc de Longueville, nouveau gouverneur de Norman– die, de faire son entrée dans le ville. Le 17 de ce mois, une nouvelle victime tombait à son tour: le P. Maclou de Dieppe. « Très exact dans les mortifications et très assidu et fidèle aux orai– sons, ... il cherchoit tous les moyens les plus bas et les plus vils, comme de balayer le couvent, laver les écuelles... Il alloit dans les 34 Bibl. nat., f.fr. 25.044, p.280; f.fr. 25.045, p.27; ANTONIO DA CoMO, op. cit. II, 239.

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