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200 RAOUL DE SCEAUX son héroïque ministère. Bien vite, il contracta la peste, mais il n'en garda pas moins sa gaieté, « ne cherchant que son Dieu et ne songeant pas au monde, ainsy que doit faire un capucin qui a donné toute sa vie un bon exemple ». Un confrère, devant une telle joie ne put s'empêcher de lui dire: « Mon Père, il semble que vous n'ayé aucun regret de mourir» - « Non, répondit le mourant, et s'il fallait dire un seul Ave Maria pour retourner a la santé parfaitte que j'avais, je ne le dirais pas ». Après avoir demandé pardon à tous les religieux, « tant aux Frères présens qu'absens, produisant plusieurs actes de contriction », il ren– dit sa belle âme a son Créateur en murmurant les premiers mots du Magnificat, le 23 août 1623 31 • Quelques jours plus tard, le 29 août, le Chapitre de la cathédrale, devant l'ampleur du fléau, décida d'organiser une procession générale pour obtenir du Ciel la cessation de la peste 32 • Les clergés régulier et séculier devaient y prendre part, à l'exception des chartreux, des célestins, des jésuites et des capucins retenus auprès des malades du lazaret 33 • Ces derniers suffisaient à peine à la tâche, d'autant plus que l'un des leurs, le P. Nicolas de Caen, se trouvait déjà fort malade. Né dans le protestantisme, il s'était converti à la suite de sa rencontre avec le Frère Palémon de Saint-Quentin, quêteur du couvent de Caen. Sa fa– mille n'accepta jamais cette conversion et le renia. « Son père, voiant qu'il était parfaitement bon catholique, le chassa de sa maison, mais luy, sans s'épouvanter, cherchait a gagner quelque âme a Dieu... Il était sy aimable, que pour peu qu'on l'eut pratiqué, on le trouvait encors plus aimable qu'il ne le paraissait. Tous les Frères jeunes et vieux, avaient recours a luy pour leurs nécessitez, car il était toujours pret a tout lorsqu'il s'agissait de faire la charité a ses frères, ne refusant jamais rien a personne... Il était très fidel tant aux communautez du chœur que du réfectoire, n'y manquant jamais, assidu et fidèle a toutes les oraisons communes, tant de nuict que de jour». Lui aussi, à la fin de ses études, demanda à aller soigner les pestiférés. Arrivé à Rouen, il se dépensa sans compter, et quelques semaines après, pressentit sa mort prochaine. Les médecins lui disaient: « Mon Père, le mal est trop violent, vous n'en pouvé pas échapper, metté votre conscience en repos » - « Ha, Monsieur! répondit-il, je 31 Bibl. nat., f.fr . 25.044, p.200; f.fr . 25.045, p.27; ANTONIO DA CoMo, Annali dell'Ordine de' Prati Minori Capuccini II, Milano 1711, 234. 32 Extraict des registres de !'Hôtel de Ville de Rouen, Bibl. mun. Rouen, ms. 1265, (Y 134), p.534. as Arch. dép. Seine-Maritime, G 2186 n.fol.

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