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198 RAOUL DE SCEAUX toutes les communautez, telle affaire qu'il eut pu avoir, il s'y rendoit, et étoit pour cela très fidèle... mais son entretien étoit avec Dieu, scachant bien que les religieux n'ont pas toujours un entretien fort spirituel ». Avant d'être religieux, le P. Josaphat, issu d'une famille noble de Normandie 21 , avait exercé un emploi à la cour, mais « toutes ses joyes et plaisirs en ce monde étoient de s'entretenir soy-meme avec l'ange que Dieu luy avoit donné pour gardien de ses pensées et actions ». Malgré son âge et sa santé, il quitta son couvent d'Honfleur pour venir à Rouen, quand après neuf jours de dévouement, il fut, lui aussi, terrassé par le mal2 8 • Après une légère accalmie, l'épidémie reprit dans le courant de janvier 1623. Le 21 de ce même mois, le P. Gardien des capucins de Rouen, accompagné d'un de ses religieux, se présenta dans la salle des séances de l'Hôtel de Ville. Il rappela devant les échevins le grand désir qu'avaient ses religieux de rendre service à la cité martyre, « de quoy ils avoient rendu témoignage au fort de la maladie, pendant laquelle plusieurs d'iceux estoient morts en servant la dicte ville. Ils se présentent derechef pour continuer pareil service, en tel nombre qu'il plairait ausdicts eschevins, supplians en cela d'estre préférez a tous aultres qui pourroient avoir la mesme charité qu'eux pour le public, attendu la particulière affection qu'ils ont toujours eue pour la ville, de laquelle tout leur Ordre reçoit ce qui est nécessaire pour le maintenir, et mesmes en considération de leurs frères qui y ont employé leurs vies, la perte desquels tant s'en faut qu'elle leur fasse perdre courage, qu'au contraire, une mort si glorieuse les anime de suivre un si beau chemin ». Devant une déclaration si émouvante en sa simplicité, M. de Can– telou, premier échevin, les remercia au nom de ses collègues et de toute la ville, et leur fit remarquer « qu'ils estoient eux-mesmes bons tesmoignages de l'affection qu'ils avoient pour la ville, mais que leurs œuvres parloient assez, sans qu'ils eussent besoing d'autres tesmoignages, qu'ils acceptoient l'offre qu'ils faisoient a la ville de continuer leur assistance aux malades, et croyoient bien estre obligez de les préférer en ce combat de charité a tous autres, et partant, les prioient laisser encore deux de leurs reli– gieux pour estre employez a cet effect » 29 • Il faut reconnaître aussi qu'une des causes principales de l'épi– démie venait du manque d'hygiène populaire: malpropreté des rues 27 II est possible que le P. Josaphat de La Poterie ait appartenu à la famille des seigneurs de La Poterie descendants de Gabriel d'Harcourt fils naturel de Jacques d'Harcourt. Cf. ÉDOUARD D'ALENÇON, op. cit., 16 n.1. zs Nécrologe du Titre, 15. 29 Arch. corn. Rouen, A 46, f.322v; Ch. R0BILLARD DE BEAUREPAIRE, Cahiers des Etats de Normandie sous Louis XIII et Louis XIV II, Rouen 1878, 262.

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