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RAOUL DE SCEAUX, 0.F.M.Cap. LES CAPUCINS AU SERVICE DES PESTIFERES EN FRANCE AU XVIIe SIECLE Si les capucins français du XVIIe siècle se consacrèrent au ministère de la prédication seulement d'une manière intermittente, ils surent toutefois donner à leurs contemporains l'exemple de la charité la plus héroïque, en se dévouant jusqu'au sacrifice de leur vie, lors des épidémies qui désolèrent la France dans la première moitié du Grand Siècle. Pour nous en. tenir seulement à l'histoire de l'ancienne province de Paris, qui engloba, jusqu'en 1610, les territoires qui formèrent plus tard les provinces de Touraine et de Bretagne, et d'où l'on déta– cha en 1629 celle de Normandie, signalons que la contagion demeura à l'état plus ou moins latent dans les grandes villes: Angers, Paris, Rouen, Tours, Rennes, et, plus tard, conséquence de la guerre de Trente Ans, les cités d'Abbeville, d'Amiens et de Beauvais. 1. - Épidémies à Nantes et à Angers Les capucins s'offraient eux-mêmes volontairement aux adminis– trations communales alors bien souvent prises au dépourvu, soit pour remplir les fonctions d'infirmiers, soit pour exercer, en raison de la fréquente inertie du clergé séculier, celle, plus en rapport avec leur état, d'aumôniers des pestiférés. À Nantes, en 1602, la peste, qui s'était étendue aux campagnes environnantes, se propagea dans la ville, et dans le désarroi général, le Corps de ville put à peine trouver des médecins suffisants pour soigner les malades, et des prêtres pour les assister, car le « chirurgien » exigeait, en raison des risques que ses périlleuses fonctions lui faisaient courir, des honoraires assez élevés: cent écus par mois. Les échevins finirent par lui en donner soixante– dix payés d'avance, cinquante pour se meubler, car il devait loger à proximité du lazaret, et une gratification de quatre-vingts écus à toucher quand l'épidémie aurait pris fin. Cette première alerte fut de peu durée, mais la peste réapparut

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