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LE FONDS FRANCISCAIN DE LA RÉFORME CAPUCINE 39 À propos de l'observance pure, simple, littérale de la règle, telle ,que François la requiert dans son testament, Jean de Fano est d'avis, qu'elle doit être animée de l'esprit du Christ, un esprit d'amour jusqu'à la fin suprême. Sans cela on s'arrête à la lettre qui tue 51 • Ce sera très difficile, pour ne pas dire impossible, de trouver à cet époque un seul auteur, soit chez les observants, soit chez les capucins, qui s'exprime avec une telle finesse de discernement au sujet de l'idéal franciscain. Jean de Fano évite la partialité autant du côté de l'Ordre que du côté des réformateurs. Il reconnaît la tendance de l'un et de l'autre comme bonne, sans jeter l'anathème sur quelqu'un ou sur quelque chose, comme il n'était arrivé que trop souvent dans le passé par l'un ou l'autre des partis. Et aussi de son temps on était rempli de zèle pour une vie réformée dans les maisons de récollection, vie que l'on estimait plus positivement que l'obser– vance officielle suivant les déclarations pontificales. La doctrine du provincial espagnol, Bernardin de Arévalo, en fait foi 52 • Comme Jean lui-même le déclare, il passa aux capucins pour trou– ver l'« intention» entière et parfaite de François au sujet de l'obser– vance de la règle. Il ajoute que de fait il l'y a vraiment trouvée. La règle y était observée dans sa pureté, sans commentaire, à la lettre, telle que le fondateur et ses premiers compagnons l'avaient observée. Dans sa recherche de l'« intention» de François, !'écrivain fait appel tout d'abord au testament et ensuite aux premiers compagnons, à Fr. Léon et nommément aux trois Compagnons, aux Quatuor Magistri, Hugues de Digne, Jean Pecham, les Conformités, Alvarès Pelayo, Olivi, Ubertin de Casale, et autres. Ces témoignages sont apparem– ment empruntés directement à la compilation bien connue de ce temps: Speculum Minorum seu Firmamentum trium Ordinum, Ve– nise 1513. Nous rencontrons souvent ce genre d'arguments dans les mouvements de réforme du 15° siècle, surtout en Espagne. De cette manière aussi nous constatons l'union étroite entre les capucins et d'autres tendances de la réforme, celles des guadeloupiens et autres. Cette argumentation, qui dès les débuts était classique parmi les spirituels et les observants, se retrouve aussi plus tard chez d'autres écrivains capucins. Elle était .d'ailleurs très répandue au dedans et au dehors de l'Ordre, par de nombreuses éditions de la dissertation sur la pauvreté, Discursus observantiae paupertatis, une partie du second Dialogue de Jean de Fano. Dans ce petit ouvrage l'auteur recherche au sujet de toutes les subdivisions importantes de la vie de pauvreté, l'« intention » de François dans les prescriptions de la règle. En plus 51 L'ltalia Franc. 10(1935) 492-493. 52 Cf. J. MESEGUER FERNANDEZ, Programa de gobierno del P. Francisco cle Quifzones, in .Arch.lber.Amer. 21(1961) 23-25. MMP II - 4

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