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:22 OPTAT DE VEGHEL .servance de la règle d'après les déclarations des papes fut de droit considérée par la communauté comme la seule juste et en fait la seu– le possible. Un soi disant idéal «intégral», qui va au delà de la règle de 1223, commentée par les papes et qui fait appel au testament .de François, est à leurs yeux une fiction ou tout au moins une utopie. La « vraie » intention de François se montre dans sa règle. Celui qui la garde est un frère mineur véritable, saint, parfait. On reproche souvent aux spirituels d'être en défaut à l'égard de l'autorité des pa– pes, qui commentent la règle, de se rendre coupables de désobéis– sance envers l'Église et l'Ordre, et de tomber dans l'hérésie. Très adroitement, mais injustement, la communauté mettait toujours en avant le côté juridique et demandait seulement l'intention de Fran– çois, lorsqu'elle était au service de leurs idées. Il s'y ajoutait que beaucoup se mettaient à l'abri derrière les déclarations du pape et continuaient à parler de l'« observance de la règle», tandis qu'ils en rendaient le contenu inopérant, en donnant peu ou point d'attention .·à l'intention évidente et à l'esprit des déclarations pontificales 16 . Dans le camp des spirituels, sous la conduite d'Ubertin de Ca– sale, l'opinion prévalait que l'idéal évangélique parfait de François, contenu dans sa règle et dans son testament, était intangible; c'était un idéal révélé par Dieu Lui-même et obligatoire pour tout l'Ordre. Comme si leur contenu était identique, ils placent souvent la règle .et le testament sur la même ligne que l'Évangile. Cette équivalence de l'Évangile, de la règle et du testament leur cause des difficultés · par rapport aux déclarations des papes. En général, ils reconnaissent bien le droit qu'ont les papes de commenter la règle; mais une dé– claration, qui viendrait s'opposer à la lettre de la règle et qui en– traînerait des adoucissements leur semble déplacée. Tout ce qui s'op– pose à l'observance littérale de la règle et du testament est à leurs yeux une infidélité à l'« intention» de François et du Christ lui-mê– me17. De plus, les spirituels négligent la différence réelle ent;re la for– me juridique de l'idéal de François, imposée comme obligatoire par l'Église dans la règle, et la forme ascétique de cet idéal, recommandée ·avec ardeur par l'exemple, le testament (et les autres écrits) de Fran– çois, pour promouvoir l'observance plus parfaite et spirituelle de la règle évangélique. Cette opinion littéraliste devint pour les spirituels, surtout sous l'influence du joachimisme, le prétexte d'un saint com- bat... à la mort. On vit naître dans leurs cercles une vision historique prophétique et apocalyptique; elle faisait appel aux textes allégori- 16 Cf. LAMBERT, loco cit., 149-183; F. VAN DEN BORNE, Ubertino van Casale en de « Spiri– ,tualen »-richting, in Sint Franciscus 5(1959) 178-179: ÛPTATUS, Spirituelen, in Theologisch Woor– ,,denboek III, Roermond 1958, 4396-4402. 17 Cf. LAMBERT, loco cit., 176, 186-189.

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