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20 OPTAT DE VEGHEL des zélateurs du parfait idéal évangélique que l'on ne pensait jadis 12 •. Il était plein de zèle, comme son prédécesseur, Jean de Parme, pour l'observance intégrale de la règle d'après Quo elongati, en rejetant les déclarations mitigées d'innocent IV. Au sujet de la pauvreté, en– tre autres sur l'« usus pauper » les « spirituels » en appelleront plus tard à lui 13 • La grande différence avec son prédécesseur et ses par– tisans c'est que Bonaventure n'a pas jugé obligatoire en théorie et n'a pas stimulé, ni exigé en pratique pour l'Ordre en son entier la pleine vie évangélique telle qu'elle est présentée à côté et en plus de la règle de 1223 dans le testament de François. On sait pourtant qu'il avait un grand respect pour l'idéal de François, qu'il déplorait tout relâchement de l'Ordre et désirait la perfection de la vie des premiers temps de la fraternité franciscaine. Certainement il avait conscience que le saint Père dans l'histoire du salut tenait une place à part, celle d'un séraphin qui est le type de l'homme évangélique de la fin des temps. Mais en même temps il indiquait dans sa grandiose vision joachimitique de l'histoire, la nécessité de se rapprocher de plus en plus de ce grand idéal de !'Ordre. C'est donc précisément le docteur séraphique, qui donna pour toujours à l'Ordre franciscain cette dy– namique de renouveau et de réforme, qui lui avait été donnée par François lui-même et qui le caractérisa à travers les siècles. C'est seu– lement en supportant patiemment les épreuves dans une fidélité gé– néreuse au Christ crucifié et à Dame Pauvreté, que le continuel dé– ficit entre l'idéal et la réalité peut être amoindri1 4 • Cette inter– prétation est mise en avant dans deux de ses discours qui ont été conservés. « Et dicebat, quoniam multum retrocessimus a statu nostro, et ideo permittit nos Deus affligi, ut per hoc reducamur ad statum, qui debet habere terram promissionis » 15 • Dans ses œuvres spirituel– les Bonaventure donne une synthèse ascétique et mystique de la doctrine de la perfection évangélique; jusqu'à présent elle n'a pas été surpassée et elle a eu une très grande influence, aussi bien dans l'Ordre qu'au dehors, en particulier chez les frères mineurs capucins. Que Bonaventure malgré cela s'en tienne, dans la pratique de son gouvernement de l'Ordre à une norme plus juridique et plus morale 12 Cf. M.D. LAMBERT, Franciscan Poverty, 112-125. 13 Cf. CLASEN, loco cit., 40-41. 14 J. RATZINGER, Die Geschichtstheologie des heiligen Bonaventura, München 1959, 40-56 (cf. CLASEN, in Wiss.Weislz. 23(1960] 196-212); ILARINO DA MILANO, O.F.M.Cap., L'incentivo cscatologica nel rifonnisnza dell'Orcline francescano, in L'attesa dell'età nuova nella spiritualità della fine del ,nedioevo, Todi 1962, 301-317, 332-337; CLASEN, loco cit., 217-248 (cf. RATZINGER, in Wiss.Weish. 26(1963] 87-93); F. VAN DEN BORNE, O.F.M., in Sint Franciscus 5(1959) 208-217. 15 BONAVENTURA, Opera Omnia X, ed. Quaracchi, 50a: Collationes in Hexaëmeron, coll. XX, n.30 : V, 430b; cf. De perfectione vitae ad sorores, cap. V, n.10 : VIII, 120b: RATZINGER, loco cit., 55; ILARINO DA MrLANO, loco cil., 301-317; R. MANSELLI, L'attesa dell'età nuova ed ;r gioachimismo, in L'atlesa... , 162-168.

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