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UN DÉFENSEUR DE BENOÎT XIII, ANTOINE « DE PISCIBUS » 273 On sait d'autre part qu'au moment où écrivait le religieux le Concile de Constance se trouvait réuni (172r) et que Grégoire XII avait abdiqué (172r), fait qui remontait au 4 juillet 1415. La lettre ne mentionne pas la déposition de Jean XXIII, mais dit simplement que Benoît XIII désirait être informé sur les intentions des Ita– liens au sujet du pape de l'obédience de Pise, ce qui ne signifie pas qu'il ignorait les sanctions portées contre le même rival, le 29 mai 1415. Si Pedro de Luna recommandait à son défenseur de rédiger son mémoire dans les plus brefs délais (celeriter), c'est, à n'en pas douter, qu'il allait devoir affronter ses adversaires dans un avenir immédiat. Or quelques jours après la démission de Grégoire XII, le 12 juillet, les Pères du Concile de Constance décidèrent de lui déléguer l'em– pereur Sigismond et 14 prélats et docteurs dans l'intention évidente de l'amener à se démettre. Benoît XIII dut en être informé à temps. On imagine qu'Antoine de Piscibus fut prié à cette occasion de lui soumettre le texte qui l'aiderait à justifier ses positions. Reste à savoir si l'intéressé se trouvait dans l'entourage du pontife ou si, malgré ses fonctions de pénitencier apostolique, il n'avait pas quitté la Sicile. Dans la seconde hypothèse il faudrait reculer la date de rédaction d'autant de jours ou de semaines que le message mit à parvenir à destination, ce qui nous mènerait vers la fin de juillet ou au mois d'aoùt 1415. Voilà pour le terminus a quo. Quant au terminus ad quem, Benoît XIII dut faire en sorte que le texte lui fût remis avant l'arrivée des délégués de Constance et la première audience qu'il leur accorda le 21 septembre 1415. En fait, on retrouve dans les discours du pape les arguments exposés par A. de Piscibus comme ceux des deux mémoires rédigés dans les mêmes circonstances par Rodrigue Fernandez y Narvaez, évêque de Jaén, et le cardinal de Saint-Ange, Pierre de Fonseca. 4. - Les arguments en faveur de la légitimité de Benoît XIII La tâche d'A. de Piscibus n'était pas de démontrer par le droit et les faits que Benoît XIII détenait la légitime succession de saint Pierre, mais d'exposer la voie la plus sûre et la plus expéditive pour le rétablissement de l'unité dans l'Église. Néanmoins sa véritable intention - elle ressort nettement de l'ensemble du texte - était de faire reconnaître son maître comme le chef de la chrétienté. A son avis il n'existait pas d'autre solution. Une brève analyse de la lettre le montrera clairement. L'auteur commence par exprimer son embarras du fait que Be– noît XIII lui impose de traiter un sujet que nul autre ne connaît

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