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280 CLÉMENT SCHMITT 11 y a d'autre part ce que A. de Piscibus affirme ou propose et dont l'intéressé n'a pas tenu compte. On comprend que Benoît XIII n'ait pas osé défendre la voie d'« humble soumission». Il était trop adroit pour revendiquer ce que les délégués de Constance avaient résolu de ne céder à aucune condition. Insister au sujet d'une vérita– ble enquête sur la démission de Grégoire XII et les intentions des partisans italiens de Jean XXIII n'avait plus d'intérêt du moment que leur cas se trouvait définitivement réglé. Le pape n'en demanda pas moins, le 22 septembre 1415, des documents attestant l'abdication du premier et la déposition du second 50 • Mais le mémoire d'A. de Pi– scibus comportait certaines thèses qui pouvaient être exploitées avan– tageusement, celles notamment qui affirment que la cession n'était pas une nécessité absolue ni un précepte obligeant en conscience; qu'elle ne respectait pas les droits du pape; que les cardinaux du parti opposé à Benoît XIII n'étaient pas dans les conditions requises pour être admis à lui élire un successeur. En revanche, on retrouve dans les réponses faites à l'empereur Sigismond et à sa suite des faits rappelés dans la lettre en question et des thèses qui y sont formellement énoncées. Ainsi Benoît XIII a pu retracer en détail, dans son grand discours de la fin de septem– bre 1415, toute l'histoire du Schisme depuis ses origines parce qu'il était le témoin oculaire des événements et avait participé aux concla– ves d'Urbain VI et de Clément VII. À la suite de son défenseur, il proclame qu'il est aussi le seul en vie des cardinaux institués avant le Schisme et le seul habilité, au cas où il abdiquerait, pour l'élection de son successeur 51 ; qu'il pouvait l'élire séance tenante; mais il promit, dit Martin d'Alpartil, de ne pas le faire' 2 • Enfin, comme A. de Piscibus il estimait que la voie de cession n'était pas recomman– dable dans les circonstances présentes; qu'elle constituerait un précédent dangereux. Mais l'heure n'était plus aux discussions. À force d'hésiter, de ruser, de s'entêter, d'avancer des promesses et de revenir sur sa parole, Benoît XIII finit par vouer les négociations à l'échec 53 • À l'em- 50 FINKE, Acta Concilii Constanciensis III, 378. 51 MARTÈNE-DURAND, Thesaurus II, col. 1657 (lettre des délégués de l'Université de Co-· Jogne à Constance, n° 19); FINKE, Acta Concilii Constanciensis III, 503 (relation de Jean de Wellis, janvier 1416). 52 « !taque nec aliquis est Cardinalis nisi tantum ego, et ad me solum expectat eleccio Pape. Infra unam dicm, si vultis, ego eligam Papam et promitam, quod me ipsum non eligam )>, dans Chronica Actitatorwn I, 205; VALOIS, La France et le Grand Schisme IV, 342. 53 « Sed tot modus totque condiciones addebat, quod nulla spes erat unionis », dit G. FrLL\STRE, Gesta Concilii Constantiensis, éd. Finke, 54.

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