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LA « PHILOMENA » DE JEAN DE PECKHAM 205 ,dans les écrits de St. Bonaventure. Jean de Jeckham, tout en accen– tuant ce caractère, l'a élaboré d'une manière plus plastique et plus pathétique. Ainsi il a fourni aux écrivains qui sont venus après lui les éléments dont ils devaient se servir dans leurs « Vie de Jésus » et leur poésie mystique. Dans son De quinque Festivitatibus Pueri Jesu, St. Bonaventure parle de l'Enfant Jésus se noyant dans ses larmes, des langes dont il est enveloppé, des baisers que ses parents lui donnent dans l'élan de leur amour pur et spirituel. Chez St. Bonaventure ces scènes ne perdent en aucun moment leur caractère symbolique, tandis que Peckham se plaît à décrire dans les strophes 25-35 les actions réelles et concrètes. L'Enfant lui sourit, il badine avec Lui. Le Christ sur la croix n'a pas moins retenu son attention que le petit Enfant dans la crèche. Quand il parle de la croix, son ton est aussi pathétique. Si, devant la naissance de Jésus, il épanche son cœur en de tendres affections, le Christ sur la croix reçoit sur– tout sa pitié et sa compassion. Ces sentiments qu'on trouve dans la Vitis Mystica, le Lignum Vitae et l'Officium Passionis, Peckham les a éprouvés et chantés, avec son accent bien à lui, dans une série de trente strophes (48-78). Peckham répartit la méditation de la vie et de la passion selon les sept heures de l'Office comme c'était l'usage général à cette épo– que. Et il voit des correspondances entre les heures de l'Office et le chant du rossignol. L'idée n'était pas tout à fait nouvelle. Alexandre Neckam ou Necham (1157-1217) écrivit dans le petit chapitre sur le rossignol dans De Naturis Rerum 41 : « Quid quod noctes tota ducit insomnes, dum delicioso garritui per– vigil indulget? Nonne iam vitam claustralium prae oculis cordis consti– tuis, noctes cum diebus in laudem divinam expandentium? ». Et dans De Laudibus Divinae Sapientiae 42 il exprime les mêmes idées : Sed philomena vetus iuvenum demulceat aures, Dummodo psalterium sit philomena mihi. Les trois moments du chant de l'agonie du rossignol: son chant .jusqu'au brisement de son cœur, le remuement du seul bec de l'oiseau agonisant et enfin la mort définitive, Peckham en a fait les trois phases de l'élévation de l'âme à Dieu. L'intensification de cet amour comporte nécessairement le détachement du monde et la purification des péchés. Dans la deuxième phase qui consiste en la méditation de 41 Thomas WRIGHT, ed., Afr!xandri Neckam De Naturis Rerum libri duo. With the poem .of the same author, De laudibus divinae sapientiae, lib. I, c.21 : Rerum Britannicarum Medii Aevi Scriptores, [43), London 1863. 42 Ibid., p.102. )11MP I - 16

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