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214 MAXIMILIEN DE MOERDIJK venture sur les derniers siècles du moyen-âge. Pour autant que nous sachions, on ne s'est pas encore rendu compte de l'importance de la Philomena pour le développement de la littérature de dévotion. L'esprit méditatif de St. Bonaventure puisait les motifs pour la con– templation de l'Humanité du Christ presque exclusivement dans la Sainte Écriture; il y mit rarement de sa propre imagination. Il ne se perdait pas dans les détails. Peckham se complaît à la douceur de l'Enfant, à la bonté du Docteur, à l'amour sanglant du Souffrant divin. Si la méditation de St. Bonaventure restait plus contemplative, celle de Peckham était plus sensible, plus vivante. Dans le poème de Peckham éclate pour de bon de sentiment pathétique, qui domine aussi dans son Stabat Mater; pathétique qui est caractéristique de l'Arbor Vitae de Ubertino de Casale, des Meditationes Vitae Christi du frère mineur de Toscane, de la Vita Christi du chartreux Louis de Saxe, de la Vie de Jésus de J. Brugman, et dont on perçoit encore l'écho dans les écrits ascétiques du moyen-âge et dans tout le lyrisme de Noël et de la Passion. Le motif nuptial, proposé à plusieurs re– prises par St. Bernard et repris par St. Bonaventure, presente pour la première fois sa montée presque schématique chez Peckham de– puis les soupirs d'amour de l'âme affamée de Dieu jusqu'à l'union dans l'étreinte spirituelle. Dans le poème de Peckham le renaissance du XIIe siècle, point de départ d'un nouveau monde d'idées et de sentiments et de raffine– ment de la forme, a atteint son apogée. Par ces qualités il pouvait .captiver durant les siècles.

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