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LA « PHILOMENA » DE JEAN DE PECKHAM 207 Une autre traduction, qui ne laisse pas d'être charmante, a été faite par Pierre d'Ailly (1350-1420), en quatrains monorimes comme l'original. En voici les trois premières strophes: Rossignol, messagier damoureuse nouvelle, Qui cognois la saison du temps quand renouvelle, Qui le cuer esjois par ta chanson tant belle, Je te prie humblement, viens a moy qui t'appelle. Vien, vien, si t'en vias la ou je aller ne puis, Mon amy salueras par teschants et deduis, De son cuer osteras les douleurs et ennuis : Trop me desplait, helas, que pres de lui ne suis. Va tost legierement, doulx oisel je te prie, Salue moy cellui a qui je suis amie Et lui di que ma joie, mon soulas et ma vie Est, et à lui servir mon cuer si sestudie4Ci_ Il y a encore deux autres adaptations du poème de la Philomena. L'une fait partie d'un recueil d'opuscules de dévotion, tant en prose qu'en vers, dont nous connaissons plusieurs exemplaires (Bibliothèque de l'École des Chartes 1869, p.537); l'autre se trouve dans le ms. 471 du Corpus Christi College, Cambridge: Li Rossignol Johan de Hove– dene ( = Peckham). Philomène figure souvent dans les Sermones Do– minicales du cistercien Jean de Barba, de la bibliothèque de Troyes, n.1476, f.40: « Dicunt naturales quod Philomena tempore vernali, cum percipit dulcia tempora, herbas virides, folia et flores [... ] prae gaudio cordis amorisque emittit cantum suum amenissimum, et, illum cantum con– tinuando, quandoque alienatur in seipsa, irnmo aliquando moritur prae amore ». L'auteur se réfère aux « naturales », mais le texte correspond avec le texte de la Philomena de Peckham 47 • Le mystique anglais, ermite et poète, Richard Rolle de Hampole (c.1300-1349) a écrit sous l'influence de Peckham dans sa première œu– vre Melum Contemplativorum: « Fio ut Philomena, quae, continens continue ad mortem in melos, diligit dulcissime » 48 ; dans l'Incendium amoris: « In principio enim conversionis meae, et propositi singularis cogitavi 4" Voir L. SALEMBIER, Les œuvres françaises du Cardinal Pierre d'Ailly, Arras-Paris. Extrait de la Revue de Lille, 1905. Le poème où manquent les trois dernières strophes, est reproduit aux p.30-40 de l'extrait. Ce texte est établi d'après le manuscrit d'Avranche. Un autre ms. se trouve à Londres, British Museum, ms. Egerton 2834 (olim Aschburton 399). Voir RABY, 1000 cit., 445. 11 Voir note 45. 1s Oxford, ms. 193, f.24811.

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