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MONS. FRANZISKUS-DOMINIKUS REYNAUDI 495 geres catholiques il était toléré; mais, dans toute la Roumélie et la Bulgarie, la crécelle remplac;:ait les cloches pour appeler le peuple a l'église. C'est de cet instrument qu'on s'était servi jusqu'ici a Selgiko et a Dovanlia; la bienveillance du gouvernement turc, laissant maitenant aux catholiques une entiere liberté pour l'exercice extérieur der leur culte, je conc;us le projet de substituer aux crécelles des cloches de dimension convenable, et d'en faire la bénédiction solennelle. Une longue expérience m'a appris combien nos populations aimaient l'éclat des cérémonies, et combien tout ce qui est nouveau pour elles excite leur curiosité. Je réso– lus done de déployer en cette circonstance toute la pompe dont je pouvais disposer. Deja, pendant la construction des clochers, les Turcs, les Grecs schismatiques et les autres habitants du pays, informés de mon projet, s'enquéraient avec empressement du jour auquel était fixée la cérémonie. Aussi, le 25 juillet, quand je me rendais de Philippopoli a Selgiko, distant seulement de quatre heures de marche, je trouvai sur la route une vé– ritable foule, composée de la plus grande partie des populations environ– nantes, et se rendant a Selgiko, pour assister a la cérémonie du lende– main. Le 26 juillet était un dimanche, et un temps magnifique nous favo– risait. Nous fimes suspendre la cloche devant la grande porte de l'église, et la vaste place qui se déploie en face était remplie d'une foule compacte, composée de catholiques, de Turcs, de Grecs et de Bulgares schismati– ques. Je m'avanc;ai jusqu'a la porte; j'étais revetu des ornements ponti– ficaux et entouré des PP. Missionnaires, accourus de leurs paroisses respec– tives. Un silence solennel s'établit a l'instant au sein de cette foule innom– brable, et il dura jusqu'a la fin de la cérémonie. Apres l'accomplissement des rites sacrés, j'adressai au peuple un discours analogue a la circonstan– ce, et je rappelai aux catholiques l'obligation ou ils sont de prier pour S. M. le Sultan, et de demander a Dieu qu'il lui conserve de longs et heureux jours et un regne glorieux et pacifique, afin qu'il puisse exécuter complétement les bienfaisantes réformes qu'il a projetées dans l'intéret de ses sujets de tous les cultes. Plusieurs schismatiques dont les sympathies sont acquises a la Rus– sie, font a nos catholiques des reproches au sujet de leurs prieres pour S. M. le Sultan; ils disent que des chrétiens ne devraient pas etre aussi attachés a un empereur infidele. Mais pour comprendre toute l'injustice de ces reproches, il suffit de comparer notre situation présente avec celle ou nous étions il y a vingt-cinq ou trente ans. Nous n'avions alors ni églises, ni écoles; nous étions sous le coup d'une persécution constante et de vexations continuelles, et cela dans toute l'étendue de l'empire de Turquie. Aujourd'hui, au contraire, bien que les schismatiques aient aussi toute leur liberté d'action, nous ne devons pas moins, nous catholiques, etre reconnaissants, d'abord envers Dieu, puis envers notre souverain temporel, de celle dont nous jouissons largement. II est résulté de cette liberté, que, dans toutes les stations de notre mission, nous avons une église et, a cóté. un logement suffisant pour le Missionnaire qui la dessert. A Philippopoli, nous avons pu construire une cathédrale assez vaste;
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