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464 KORNEL GADACZ bal. Il fit préparer un bain pour son hote, lui offrit de quoi se vétir, l'installa dans un bon lit. Il veilla sur lui pendant des semaines, renonc;:a a taus les plaisirs du carnaval en cours, bref, dorlota l'in– fortuné tant que ce dernier n'eut repris touts ses forces. Ce ne fut qu'alors que le pauvre homme lui canta son histoire. Il avait été, vers 1838, appelé, de Stary Konstantynów, au poste d'aumonier catholique dans la flotte de la mer Naire. Il était alors ftgé de 30 ans, plein de vigueur. Il s'appelait Martin Podgórski. Son quartier était fixé a Nicolai:ev, a l'embouchure du Boh (Bug) sur la mer Naire. Ce fut la que, durante quelques années, il remplit son ministere. En dehors des devoirs ordinaires de sa charge aupres des matelots, il entreprit une ceuvre d'apostolat au milieu de la po– pulation autochtone, des Petits-Russes en particulier. Il élargit pro– gressivement le cercle de ses relations, atteignit les milieux cultivés, trouva des adeptes au sein de la famille méme de l'amiral. A son travail de missionnaire il unit l'action de bienfaisance. Sa popula– rité allait croissant. Un tel état de choses ne pouvait enchanter ni le clergé orthodoxe ni les autorités civiles. Une nuit, la gendarmerie appréhenda le P. Martin et le transporta dans le couvent orthodoxe de Temnikov, dans la partie nord du « gouvernement » de Tambov. Les moines schismatiques s'efforcerent de lui faire endurer le plus de tortures morales possible. 11 se vit astreint aux corvées les plus viles et les plus pénibles. Tout cela ne réussit pas a lui briser le moral. Il sut grouper autour de lui quelques individus de bonne volonté et se mit a faire de l'apostolat catholique. Plusieurs de ses auditeurs embrasserent la confession catholique. Il se livrait de nuit avec eux aux pratiques ascétiques, en polonais. Un hasard fit découvrir la chose a un des moines de l'endroit. On le roua de coups de báton. On traita de méme ses adeptes. On le transféra a la prison de Tambov. Son cas fut soumis aux décisions du Saint– Synode orthodoxe a Pétersbourg. Il attendait le verdict, depuis six mois, en prison. Ses vétements en lambeaux ne tenaient plus sur lui; la vermine l'avait envahi. Pilchowski s'efforc;:a de mobiliser tout ce qu'il comptait de rela– tions pour tirer le capucin de son cachot. Personne ne put rien faire, les dossiers ayant été sournis au Saint-Synode. Cependant le P. Martin n'avait pas tardé, dans le nouveau mi– lieu ou íl se trouvait, a prendre sous sa tutelle les pauvres de l'en– droit. Cela lui fut d'autant plus facile que son protecteur lui laissait toute latitude et ne le génait en rien. Il aperc;:ut cependant, une fois, son domestique qui sortait de la maison emportant un panier de linge, un habit et un paquet ficelé. Il questionna le capucin, vou-

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