BCCCAP00000000000000000000822
24 OPTAT DE VEGHEL tout l'Évangile et de toute la regle. Le pape a bon droit - selon Olivi - juge que c'est faux. Un tel littéralisme serait une sottise. Ne pensez - dit-il - qu'a prendre a la lettre les paroles qui disent de s'arracher l'reil ou de se couper la main ou le pied. Le pape dit tres justement que Fran9ois ne voulait donner dans son testament aucune nouvelle prescription. Il voulait uniquement dire que la regle devait étre gardée selon l'esprit sans aucun commentaire trompeur ou rusé. La conséquence d'opinions aussi sottes est que l'on identifie les vrais observants « spirituels » de la regle, les vrais « spirituels », avec ces fanatiques et qu'on les traite d'hérétiques. A l'encontre de l'opi– nion que ces faux spirituels doivent quitter la communauté « char– nelle » de l'Ordre, Olivi dit: « Est ce que peut-etre le saint frere Egidius et frere Léon et frere Masseus et les autres compagnons de Frarn;:ois et leurs semblables en sainteté ont pour cela quitté l'Ordre? Vous le savez bien » 20 • Méme en ce qui concerne le joachimisme, Olivi essaie aussi de le corriger, comme Bonaventure l'avait fait jadis avant lui. Moyen– nant les études des dernieres années, on peut constater que sa vision de l'histoire, méme entachée de joachimisme, reste pourtant dans le cadre du renouveau général évangélique et de la réforme de l'Egli– se dans l'Esprit du Christ. Comme Bonaventure il se garde bien de relier ce renouveau a l'Ordre franciscain réformé, comme le faisaient les spirituels. Pour lui aussi, la personne de Fran9ois apparait sous son aspect évangélique, comme le stigmatisé de l'Alverne, en une situation qui luí est propre et tres élevée. Il sert de type a l'homme de la fin des temps par sa vie évangélique et apostolique, imitant la pauvreté et l'humilité du Christ. Olivi défend l'Église et le pape dont il insinue l'infallibilité. Dans sa présentation de l'aspect histo- · rique et sauveur de Fran9ois il se savait soutenu par l'enseignement de Bonaventure. Et avec le grand général, tout en l'accusant d'une certaine faiblesse dans la conduite de l'Ordre, il est zélé pour un méme renouveau évangélique de l'Ordre et de l'Église 21 • Méme Ubertin de Casale, qui s'est laissé entrainer si souvent a des expressions extremes, savait parfois dire une parole sage, qui aurait pu étre le mot-sauveur a la question angoissée de ce temps-fa (et de tous les temps?). Il écrit: « Tamen nec hic nec alibí assero quod de necessitate salutis sit totius ordinis servare testamentum sanctissimum et alia perfectionis opera zo Lettre a Conrad d'Offida, dans Arch.Franc.Hist. 11(1918) 373; lLARINO DA MILANO,. loco cit., 301-317. 21 MANSELLI, loco cit., 162-168; RATZINGER, loco cit., 156 n.64-65.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz