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Elles laisserent Doña Mercedes comme glacée ; avec devant elle les heures de la nuit, pou:· ruminer ses sombres pensées : sa propre situa– tion devant Dieu, la situation possible de son fils . Une véritable nuit de Vendredi Saint ! Nous ignorons si cette dame parvint, dans son affliction, a trouver fina– lement le sommeil cette nuit-la ; mais nous savons que le jour suivant ne lui apporta pas beaucoup plus de ~onsolation. Le calendrier indiquait 21 avril : Samedi Saint. Liturgiquement jour rempli d'apaisante sérénité et de sainte espérance. L'oraison qui se récitait a chaque heure de l'Ofice divin l' exprimait ouvertement, mais pour notre Barcelonaise, tout éla."l d' espérance consolatrice semblait banni. «La journée du Samedi Saint ne fut ;,as meilleure pour moi, en dépit de la cordialité que ne témoignaient les uns et les autres, jusqu'aux mamans des fillettes. '::'out dans le village me devenait hostile. Il m'appa– raissait que cet assau: d'amabilité était du a la pitié, voire a la crainte qu'avait éveillée chez les assistants l'évident isolement auquel la Vierge m' avait condamnée. Four moi, ce que pensaient les gens importait peu ; ce qui véritablement ::ne faisait souffrir était de percevoir l'impertur– bable dédain que visiblement me témoignáit le Ciel. Finalement, au tern:e de ses réflexions silencieuses, touchée sans doute par la grace divine, elle en vint a la véritable attitude chrétienne : "J'acceptais tout, me soumettant completement a la volonté de Dieu''. Elle se sentit consi<lérablement soulagée, mais non libérée de son angoisse intérieure. Elle prit des lors la décision de ne plus adresser de demandes au Ciel, de n'en attendre plus le moindre signe par l'intermé– diaire des fillettes.)> Au cours des premi-eres heures de la nuit, il n'y eut pas de procession a travers le village, mais quelques inoubliables marches extatiques des quatre fillettes . Se te.:-iant par le bras elles parcoururent d'un pas léger toutes les rues, suivies de la foule portant des lampes de poche, priant et chantant des canLques.. . Cette singuliere procession s'acheva vers 23 h 30. A cette heure com– mern;:ait a l' église la solennelle veillée pascale, célébrée cette année par un Jésuite : le Pere Félix Corta venu au village pour les confessions et les cérémonies liturgiques de la Semaine Sainte. Les rues resterent désertes ainsi que les maisons a de rares exceptions pres ; habitants et étrangers se rassemblerent a l' église pour célébrer la 85