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84 Gagnan De plus, on a vu que les témoignages de la Symbolique des heu– res, dans la spiritualité du XIIe siècle, invitent le lecteur à ouvrir sa contemplation de la croix sur un jeu de coïncidences où s'articulent les données majeures de l'histoire du Salut. Parfois même, ainsi que nous l'avons vu chez Hildebert de Lavardin, cette ouverture s'élargit jusqu'à intégrer les données de la création dans l'histoire du Salut que récapitule cette croix. Or, nous savons, pour l'avoir vérifié d'heure en heure, combien François a emprunté, en son Office, l'esprit même de ce symbolisme; comment pourrait-on prétendre alors que son heure de Vêpres, ainsi que l'Hymne de son office et son Exhor– tation à la Louange de Dieu qui, comme nous l'avons vu, tiennent de la même inspiration que cette heure de Vêpres, soit étrangère à ce dynamisme symbolique, même si elle ne semble pas, à première vue, s'adapter à la lettre de sa formulation? Nous pensons au con– traire que François, plus perspicace que ses maîtres, a su s'inspirer de leurs perspectives, mais en a aussi ordonné plus intégralement les significations de mort et de résurrection. Pour avoir mieux situé le centre, il a mieux décrit la sphère. Pour avoir mieux reconnu et affirmé la toute puissante coïncidence de ces deux extrêmes, mort et résurrection, en la croix, il pouvait mieux rejoindre l'extension de cette puissance en toute donnée du créé. Dès lors, on peut reconnaître le Cantique du Soleil comme une reprise plus spécifiée de cette heure de Vêpres; voire comme la huitième heure de l'Office de la Passion. Si la croix, immolation fon– damentale, est bien cette reconquête du Fils, libératrice de l'occu– pation ennemie qu'avait entreprise l'Esprit d'orgueil, si elle est bien cette œuvre de salut accomplie au milieu de la terre, soit au centre du cœur de l'homme, au centre de son rapport à Dieu et donc aussi de son rapport à l'univers, là où y avait œuvré l'Esprit d'or– gueil en y semant mort et mensonge ( 171 ), si cette œuvre de salut fait chanter l'univers en louanges divines de telle façon que celui-là qui sait retrouver ce centre en suivant les traces du Sauveur, peut y entendre le chant de louange cosmique: alors ce chant ne peut certes avoir d'autre référence signifiante que cette croix elle-même. Autrement dit, la croix est au centre de chaque signification du Cantique du Soleil. Par le fait qu'en sa croix Jésus-Christ soit venu (171) Jn 8, 44; Gn 2, 17.
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