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Office de la Passion 83 à l'affirmation de la lumière, toute la pièce garde ce caractère de désordre naïf. Même si le style de François n'est pas toujours d'une élégance raffinée, il semble difficile de justifier une telle primitivité de lan– gage par la seule maladresse du saint. François a conçu cette pièce en cette rugosité qui la caractérise, il l'a aimée telle puisqu'il l'a ratifiée en la livrant ainsi à la postérité. Il est bien peu probable que celui-là qui, par ailleurs, sut s'avérer si délicat et de manière si courtoise, ait été inconscient de l'aspect littéraire quasi sauvage de son poème. De fait, une indéniable transcendance émane de cette rusticité. Le heurt des phrases bouscule la pensée par delà le discours et suggère l'ineffable majesté qui, de son altérité infinie, ne laisse à celui qui veut la dire qu'un bégaiement de paroles inchoatives. De par son caractère fruste, cette exhortation balbutie !'Indicible de Celui que nul homme n'est digne de nommer. Il semble dès lors bien difficile de prétendre isoler le Cantiquf, du Soleil de tout cet arrière-fond d'histoire du Salut qui constitue la teneur fondamentale de la méditation du Poverello. En effet, on comprendrait mal que François, au terme de sa vie, perclus de rhu– matismes, presque aveugle, usé dans tous ses moyens de perception naturelle, écrive un Cantique de louange cosmique à partir d'une inspiration poétique étrangère à son unique référence vitale. Alors qu'il redescend de l'Alverne où il vient d'expérimenter jusqu'en sa chair la violence séraphique, c'est-à-dire recréatrice ( 110 ) de la croix, et que sa méditation quotidienne lui fait ruminer sur des mots de !'Ecriture qu'il a lui-même réagencés, l'extension de cette force régé– nératrice en ses vives résonnances cosmiques, on voit mal le saint composer soudainement un chant de louange cosmique dont la réfé– rence signifiante échapperait, au nom même du pouvoir de l'incons– cient, à cette continuité de son regard intérieur. ( 170 ) Plus exactement: régénératrice. Cf. notre analyse du Séraphin lorsque nous en viendrons au symbolisme solaire du Cantique.

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