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80 Gagnan à Celui qui les fait être, et cette obéissance est chant de louange ( 163 ). C'est là ce que la tradition augustinienne formulait en terme de ve– stige, tout être créé étant de par son existence même vestige de la gloire qui le fait être. Viennent ensuite les créatures raisonnables. En les appelant fils de Dieu (v. 7), François laisse déjà entendre la portée prophétique de son chant. Si tous doivent devenir fils de Dieu par vocation, il demeure que tous ici-bas n'ont pas encore actué les puissances de grâce dont ils disposent pour retrouver cette vérité fondamentale de leur condition ultime. Pour pouvoir pleinement s'intégrer à ce chant cosmique et y jouer son rôle, l'homme doit donc renaître à la vie divine, et ce, en offrant son corps, en portant la sainte croix de Jésus et en obéissant jusqu'au bout à ses saints commandements, ainsi que l'exprimait l'heure de Vêpres de l'Office. René dans l'obéis– sance filiale par participation à l'obéissance du Fils, l'homme, image de Dieu, retrouve en cette image même la ressemblance qui le con– figure aux traits paternels, selon sa véritable et propre raison d'être: il devient fils de Dieu en vérité. C'est là ce que la tradition augusti– nienne formulait en terme d'image et de ressemblance ('"), tout hom– me, image de Dieu par ses facultés spirituelles, étant appelé à deve– nir ressemblance de la gloire divine en actuant ses facultés selon l'obéissance filiale dans la force de la grâce. En écho aux mots de saint Paul qui parle alors d'« homme nou– veau» (' 65 ), François souligne cette nouvelle jeunesse des fils de Dieu, (163) « Et omnes creaturae, quae sub caèlo sunt secundum se, serviunt, cognoscunt et obediunt Creatori suo [...] » Adm. 5 (ES 66, DV 42). ( 164 ) François emploie l'expression deux fois en ses écrits (Adm. 5, 1; Reg. NB 23, 1); conformément à la référence biblique d'où est tirée l'expression (Gn 1, 26), il s'agit en ces deux cas de l'état adamique avant le péché originel, l'état d'innocence. Et c'est bien là ce qu'entend la tradition augustinienne lorsqu'elle affirme que la grâce réenfante le fidèle en cet état d'innocence, le reconfigurant dans les traits de la filiation divine. La parabole que François raconta à Innocent III pour faire approuver son ordre, illustre de manière particulièrement probante cette renaissance qui configure les nouveaux fils dans la res– semblance divine (2 C 16). Nous reviendrons sur cette expression, son emploi chez certains auteurs les plus représentatifs de la spiritualité commune au XIIe siècle et son interpréta– tion franciscaine, lors de notre analyse du Pater paraphrasé de François. (165) « Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une création nouvelle; l'être ancien a disparu, l'être nouveau est là»: 2 Co 5, 17. Et « II vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme qui va se corrompant au fil des convoitises déce– vantes, pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement et revêtir l'Homme Nouveau, qui a été créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la Vérité »; Ep 4, 22-24.

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