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6 Gagnan Autrement dit, en sept étapes successives, correspondant aux sept heures liturgiques de la journée, ces prières ou psaumes réécrits par François rendent compte de la forme quotidienne en laquelle le saint contemple la croix. Les souffrances de la mise à mort et la gloire qui rayonne de la Victoire du Fils sur les forces responsables de ces souffrances conjuguent, sous forme de « coïncidence des contraires », les sens de cette contemplation. D'une part, le déroule– ment historique des souffrances commencées à l'arrestation de Jésus (rappel du soir du Jeudi saint) est poursuivi jusqu'à la consomma– tion cruciforme des Nones du lendemain (rappel de la neuvième heure du Vendredi saint); d'autre part, la royauté cosmique annon– cée dès le premier psaume et explicitée à mesure que le Christ, par sa souffrance, reconquiert sur le monde cette royauté menaçée, éclate à l'heure de Vêpres qui clôt l'office. L'hymne cosmique que consti– tue ce dernier psaume porte alors en lui-même toutes les significa– tions que spécifiera plus hiératiquement le Cantique du Soleil. Les variantes, qui distinguent les manuscrits quant aux rubri– ques qui situent le cadre de cet office, rendent difficile la connais– sance de la manière dont François reliait cet office à l'office de la Vierge, dont il est souvent fait mention dans les manuscrits, de mê– me qu'à l'office liturgique des heures canoniales. Reste que nous sommes ici en présence d'une dévotion parfaitement charpentée en elle-même, et qui explicite la manière dont François, par le langage des. psaumes, médite et loue, quotidiennement, le Christ pauvre et crucifié, en sa geste de mort et résurrection. Car il s'agit bien là, en effet, d'une méditation continuellement reprise. Le p. L. Gallant (') a récemment montré, au niveau même de la rédaction de cet office, qu'on ne peut concevoir cet ensemble paraliturgique comme fruit d'une création déterminée en un moment précis de la vie de François. Par une analyse interne de la structure de l'office, par des comparaisons de cette structure avec celles des autres écrits du saint, de même que par l'analyse du cadre immédiat de l'office, puisque l'on sait que François introduisait chaque psau– me, soit chaque heure, par la récitation du Pater et d'une Laudes spécialement adaptée à cette fin, le p. Gallant conclut, de manière (') L. GALLANT, Dominus regnavit a ligna. L'Officium Passionis de saint François d'Assise, édition critique et étude, thèse manuscrite, Institut Catholique de Paris, 1978.

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