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Office de la Passion 77 personnelles que collectives. Il s'agit ici de la teneur sacrée qu'inspire l'expérience première du Transcendant, lorsque l'homme s'éveille au sens de l'Etre, et se trouve effaré par l'inconsistance de sa nature devant la terrible splendeur de cette Transcendance ('"). Seul, l'homme ne peut supporter l'ampleur de cette terreur sacrée; seul, il ne peut approcher l'exaltation cruciforme, tellement la terrible splendeur de !'Agneau immolé dépasse ses capacités d'en– tendement; nul homme n'est digne de nommer, seul, le Nom du Très Haut, tellement ce Nom est chargé de Transcendante Majesté. D'où Marie au pied de la croix. Avec l'Eglise, maternellement recon– figuré en conformité à cette splendeur dans le sein virginal de Marie, le nouveau juste peut, en Eglise, communier à l'entendement de cette louange de Gloire. Et le Poverello qui exprimait sa première formulation du franciscanisme dans l'image de cette Femme au désert qui, épouse du Grand Roi, lui enfante de nouveaux fils ( 157 ), sait, de par son expérience mystique, la nécessité de cette présence féminine pour «apprivoiser» le fidèle, saint en espérance, dans le chant de la liturgie cosmique. La maternité et les « sororités» de son Cantique rediront cette présence. Ici, c'est par un appel plus concret à Marie qu'il explicite ce besoin. Pour pouvoir louer cor– rectement le Seigneur de l'univers, inspirateur en vérité de terreur sacrée, le chantre modulera sa louange dans le chant de Marie, celle qui, pleine de grâce, est toujours avec le Seigneur et accueille la salutation des hommes afin que ceux-ci, par elle, puissent approcher et chanter l'honneur de la croix, sans être brûlés par son feu. Dès lors, François entonne son chant de louange en un premier hymne cosmique que couronne, non pas encore directement le sym– bole du Soleil, mais presque, puisque le saint fait aboutir l'intensité symbolique croissante de cet hymne sur le symbolisme du «Jour». Le Christ mort et ressuscité de None est bien le «Jour» éternel de la création parachevée, lumière du Jour de l'Apocalypse: 5 - Louez-le ciel et terre. 6 - Louez le Seigneur tous les fleuves. 7 - Bénissez le Seigneur, fils de Dieu. ( 156 ) Cf. l'analyse du Mysterium tremendum dans R. Orro, Le Sacré. L'élément non ra– tionnel dans l'idée du divin et sa relation avec le rationnel, Paris 1968, 27-52. ( 157 ) Cf. notre analyse de ce symbolisme, Le symbole de la femme chez saint François d'Assise, in Laurentianum 18 (1977) 256-291.
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