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Office de la Passion 69 par lesquelles le corps asservit l'esprit à ses fins propres et détourne l'homme de sa véritable finalité spirituelle pour le livrer à l'esclavage du mal. En une de ses Admonitions, François explique ainsi com– ment tout péché, donc toute tentation non vaincue, suppose une com– plicité de ces forces: Nombreux sont ceux qui, lorsqu'ils pèchent ou subissent une injustice [on remarquera que le saint nomme ici les manières par lesquelles l'homme peut manquer de porter la croix de Jésus], inculpent volontiers l'ennemi [Satan] ou le prochain [l'ennemi à aimer]. Il ne doit pas en être ainsi, car chacun a l'ennemi en son pouvoir, à §avoir le corps par lequel il pèche. Dès lors, bienheureux le serviteur qui gardera toujours captif cet ennemi livré entre ses mains et sagemment se protégera de lui; car tant qu'il fera ainsi, aucun autre ennemi, visible ou invisible, ne pourra lui nuire (1"). Autrement dit, celui-là qui maîtrise les instincts de la chair, maîtrise l'agressivité et peut aimer ses ennemis; il maîtrise la con– cupiscence et peut vaincre la tentation. Porter la croix du Christ signifie donc que l'on impose à son corps le joug de la discipline du Christ qui, petit à petit, débarasse ce corps des instincts de mort qu'y a laissé le péché, et le rende à nouveau malléable aux forces de l'Esprit. Le mot Tollite de l'expres– sion Tallit corpora vestra que nous avons traduite par « Levez vos corps » évoque le Tollite que Matthieu met dans la bouche du Christ: Tollite juqum meum super vos; «_Portez (levez) mon joug» ('"). En sa Lettre à tous les fidèles, François explicite lui-même ce rap– port en écrivant: « Nous devons renoncer à nous-mêmes et mettre notre corps sous le joug de la servitude et de la sainte obéis– sance» ("'). Levez son corps, c'est donc d'abord l'atteler au joug qui ( 137 ) « Multi sunt, qui dum peccant vel injuriam recipiunt, saepe inculpant inimicum vel proximum. Sed non est ita: quia unusquisque in sua potestate habet inimicum, videlicet corpus, per quod peccat. Unde beatus ille servus, qui talem inimicum traditum in sua potestate et sapienter se ab ipso custodierit; quia dum hoc fecerit, nullus alius m1m1cus visibilis vel invisibilis ei nocere poterit »: Adm. 10 (ES 70). Nous n'avons pas suivi la traduction DV jugée trop littéraire. Cf. DV 45-46. (138) Mt 11, 29. ("') « Debemus etiam nos metipsos abnegare et ponere corpora nostra sub jugo servi– tutis [...] »: Ep. Fid. 2, 40 (Es 121). Nous n'avons pas suivi la traduction de DV, le mot « courber » qui traduit « ponere » ne convenant guère au symbolisme du redressement. Cf. DV 118.
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