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66 Gagnan On se souvient qu'en l'heure de Complies François, selon l'Evan– gile de Matthieu, avait rappelé cette dénomination d'« amis» par laquelle Jésus s'était adressé à Judas et aux pharisiens venus l'arrê– ter ( 131 ). Dès lors, si « porter la croix du Christ» signifie, comme nous venons de la voir, lutter directement contre les forces satani– ques en remportant la victoire lors des tentations, ce portement im– plique aussi une autre forme de lutte contre Satan, indirecte celle-là: celle du partage de cette amitié avec le Christ. Communier aux souf– frances rédemptrices de Jésus, c'est aussi accepter et aimer avec lui ceux qui, esclaves de Satan, nous font injustement du mal, comme ils lui ont fait injustement du mal: Considérons attentivement, mes frères, ce que dit le Seigneur: Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent [Mt 5, 44]. Et notre Seigneur Jésus-Christ, dont nous devons suivre les traces, a donné le nom d'ami à celui qui le trahissait [Mt 26, 50], et il s'est offert de plein gré à ceux qui le crucifiaient. Ils sont donc nos amis, tous ceux qui nous infligent injustement tribulations et an– goisses, affronts et injures, douleurs et tourments, martyre et mort; nous devons les aimer beaucoup, car les coups qu'ils nous portent nous vaudront la vie éternelle ('"). Le saint explicite ailleurs la manière de vivre cet amour des ennemis, précisant que nous devons leur faire du bien, au moins ne pas leur faire du mal si nous ne sommes pas capables de leur faire du bien ('"), et prier pour aux ('"). Ce faisant, le fidèle com– munie au Christ de Complies et, avec lui, s'engage sur le chemin du retour en l'obéissance filiale. ( 131 ) Off. Pass., Comp. 7. (132) « Attendamus, omnes fratres, quod dicit Dominus: Diligite inimicos vestros et bene– facite his qui oderunt vos [Mt 5, 44], quia Dominus noster Jesus Christus cujus sequi ve– stigia debemus, traditorem suum vocavit amicus [Mt 26, 50] et crucifixoribus suis sponte se obtulit. Amici igitur nostri sunt omnes illi, qui nobis injuste inferunt tribulationes et angustias, verecundias et injurias, dolores et tormenta, martyrium et mortem; quos multum diligere debemus, quia ex hoc quod nobis inferunt, habemus vitam aeternam»: Reg. NB. 22, 1-4 (ES 279, DV 76). L'exégèse de François s'avère ici tout à fait originale; alors que ses contemporains et prédecesseurs voient en ce terme d' «ami» par lequel Jésus s'adresse à Judas, une forme d'ironie (cf. notre note 43), François, au contraire, y reconnaît la forme archétype de l'amour des ennemis. ("') Cf. Adm. 9 (ES 69, DV 45); et Ep. Fid. 2, 27 (ES 118, DV 117). ( 134 ) Cf. Reg. B. 10, 10 (ES 236, DV 96).
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