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64 Gagnan louange sans en connaître l'expression? N'y aurait-il pas quelque risque d'« illuminisme» à vouloir jouer au saint avant d'y être par– venu? Très réalistement, François répond en son verset suivant, montrant comment la seule manière de chanter ce chant en vérité consiste à le chanter en communion au chant du Christ lui-même: 8 - Levez vos corps et portez sa sainte croix, et suivez jusqu'au bout ses très saints commandements (1 26 ). Autrement dit, c'est déjà chanter la gloire du Seigneur que de reconnaître la victoire du Fils sur le péché et sur son fruit de mort; c'est déjà lui rapporter la gloire et l'honneur que de vouloir suivre Jésus en son obéissance filiale; c'est lui rapporter la gloire de son nom, «Jésus-Sauveur», que de considérer son chemin de croix com– me itinéraire du retour en l'ordre cosmique, du retour en la pure obéissance à la volonté créatrice. L'obéissance confiante et radicale à la volonté du Père dont a témoigné Jésus Christ jusqu'à la mort rend réelle l'espérance du Salut. Le fidèle qui s'efforce de vivre jusqu'au bout cette obéissance de la foi, dans tout le dépouillement d'égoïsme que signifie cette obéissance, a déjà une idée, inchoative certes, mais néanmoins réelle, du Salut qui lui est promis; et en lui cette idée est chant de louange! La pauvreté est mère de la joie ( 121 ). Ouvert, par l'espérance, sur le chant de la vie, ce dynamisme du Salut passe néanmoins par l'obéissance sacrificielle, en commu– nion à l'obéissance du Fils. Nul ne peut obéir au Père sans commu– nier à la force d'obéissance du Fils; nul ne peut participer à l'espé– rance vitale s'il ne participe au Sacrifice qui l'engendre ( 128 ). Porter la croix de Jésus, c'est donc, comme lui et avec lui, obéir au Père; c'est accepter en sa propre vie la tribulation que le Père permet que nous connaissions pour communier par là-même à la tribulation (126) 8 - « Tollite corpora vestra, et baiulate sanctam crucem eius et sequimini usque in finem sanctissima praecepta eius [Le 14, 27; 1 P 2, 21] ». (127) La pauvreté et la joie composent les deux modes en lesquels François incarne la coïncidence de souffrance et de gloire qu'il rennaît en la croix; il ne s'agit donc ni d'une seule ascèse mortifiante ni d'une puérile surrexcitation psychologique, mais d'une Sagesse, donc d'une manière de reconnaître le sens véritable de la vie des êtres. (128) ,i Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples, vous con– naîtrez alors la vérité et la vérité vous fera libres »: ln 8, 31-32.
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