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Office de la Passion 63 Pour l'instant, nous pouvons néanmoins affirmer que lorsque François, en son heure de Vêpres, invite les cieux, la terre et la mer à louer le Seigneur, son langage revêt une portée cosmique dépassant de très loin l'entendement commun. Certes, sa perspective inclut les données anthropologiques que ses contemporains y voyaient, mais elle les inclut selon sa connaissance du Christ pauvre et crucifié, archétype de toute anthropolgie; et dès lors cette per– spective christique devient prophétie, portant autant sur cette espé– rance cosmique qui, selon saint Paul, fait gémir la création en gesta– tion aujourd'hui ( 123 ), que sur l'espace eschatologique de la création future, lorsque enfin la rédemption aura fini son œuvre d'enfante– ment dans le cœur du dernier saint à naître et que l'univers à nouveau centré par son arbre de Vie, tel que décrit au livre de l'Apo– calypse (1 24 ), louera son Seigneur, en conformité avec sa raison d'être. Aussi est-ce bien en cette espérance cosmique, fonction de la sanctification des hommes de la terre que François clôt son office. Puisque l'homme est le seul être de la création capable d'exprimer l'amour et la vérité, qu'il se fasse chantre de ce chant: 7 - Apportez au Seigneur, pays des gentils; apportez au Seigneur la gloire et l'honneur; apportez au Seigneur la gloire de son nom (' 25 ). Mais, pour être prise au sérieux, cette invitation doit être com– prise comme l'appel à la sainteté, l'appel à la réalisation totale du rôle de l'homme en l'ordre cosmique: celui de chantre de la louange universelle. Or, nous savons que bien peu accèdent, sur terre, à cette liberté adamique qui permet de lire dans l'univers créé la partition de ce chant. Les hommes de bonne volonté, ceux pour lesquels le Christ a donné sa vie, les justes, ceux qui, après avoir crucifié Jésus « de bouche», par faiblesse et non par trahison contre l'Esprit, cher– chent à se «convertir» vers le Bien et la Vérité, tous ceux-là che– minent· ici-bas vers cette liberté paradisiaque, mais ne l'ont certes pas encore atteinte. Alors, comment chanter en vérité ce chant de (123) Rm B, 19-22. (12 4 ) Ap 22, 2. (125) 7 - « Afferte Domino patriae gentium, afferte Domino gloriam et honorem, af– ferte Domino gloriam nomini eius [Ps 95, 7] ».
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