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4 Gagnan L'Office de la Passion de saint François d'Assise constitue, parmi les écrits du saint, le témoignage à la fois le plus vivant et le plus explicite de cette manière selon laquelle il sut se plonger dans les Ecri– tures, ainsi que la puissance avec laquelle il en rumina les données, et de la justesse en laquelle il sut y reconnaître le Christ pauvre et crucifié. Certes, les biographes ont montré que toute la spiritualité du saint revêt la forme d'une méditation, d'une contemplation et d'une imitation du Verbe de Vie incarné, Jésus-Christ Sauveur ('). Chacun, à sa manière, a affirmé que le saint François de l'histoire doit être compris à la lumière de l'expérience séraphique qui, au sommet de l'Alverne, récapitule en sa conformité cruciforme les données majeu– res de l'itinéraire spirituel du saint, et confirme, par l'impression cor– porelle des stigmates, cette impression intérieure dont fut marquée son âme dès sa conversion (3). Sans, bien sûr, répéter leur témoignage, mais, au contraire, pour mieux le comprendre, pourquoi ne pas en– tendre d'abord le témoignage du saint lui-même? Chaque jour François récitait cet Office de la Passion qu'il avait formulé au fil de sa méditation de la croix en puisant ses phrases dans l'arsenal des citations bibliques qu'il avait retenues, autant par ses lectures personnelles de l'Ecriture que par sa participation à la liturgie vivante de l'Eglise. Par son choix de textes, par l'arran– gement de leur continuité et peut-être davantage par cette particuliè– re dramatisation qu'il leur confère en sa propre réinterprétation, le Poverello nous livre ici son secret, puisque « Le souvenir de Jésus crucifié demeurait constamment en son âme, comme le sachet de myrrhe entre les seins de l'épouse du Cantique» ('). Ainsi que l'entendait toute la tradition patristique, la croix que contemple ici François revêt les proportions de toute la geste sacri– ficielle de l'amour salvifique du Dieu créateur. Aussi inclut-elle, en son dynamisme de souffrance et de gloire, toute l'histoire du Salut, à partir du péché jusqu'à la création retrouvée, telle que prophétisée ( 2 ) A seul titre d'exemple, dès sa conversion: « [ ... ] studet in interiore homine recondere Jesum Christum »: 1 C 6 (AF 9, DV 219). ( 3 ) Cf.: 3 C 2-3 (AF 272-273, DV 533-535) et LM 13,10 (AF 620, DV 709-711). ( 4 ) LM 9,2 (AF 598, DV 664).