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Office de la Passion 57 Puis, en un verset, il résume alors l'histoire du Salut, telle qu'in– scrite dans la rayonnement cruciforme: 3 - Car le très saint Père du ciel, notre Roi dès l'origine a envoyé d'en haut son Fils bien-aimé et a fait œuvre de salut au milieu de la terre ( 112 ). A l'origine, avant que n'intervienne l'ennemi, avant le péché originel, la création, en tout son ordre cosmique, était soumise à la royauté divine, donc parfaitement centrée dans son obéissance au gouvernement divin; ce que la Genèse symbolise dans l'image de cet arbre de Vie planté au centre du paradis ( 11 '). Mais le péché a décen– tré cet ordre. Jouées autour du second arbre, celui de la science du Bien et du Mal, la tentation et la chute ont « désorienté» la création: le paradis et son arbre de Vie ont été perdus. Autrement dit, le centre de la création, point de jonction entre la création et le créateur, axe de la royauté divine ('"), est devenu inaccessible à l'homme esclave de l'ennemi tentateur. Pour reconquérir sa royauté cosmique, le Père a envoyé son Fils faire œuvre de salut au milieu de la terre: par sa victoire sur l'ennemi, la croix n'est autre que l'arbre de Vie, redonné, par surabondance de l'amour divin. Dorénavant, ceux qui désirent être sauvés et retrouver le sens initial de leur véritable condition, telle qu'issue de l'amour créateur, le peuvent en réorien– tant leur vie par rapport à cette croix. Plantée au centre de la terre, celle-ci situe à nouveau l'axe de la royauté divine; elle rend accessi– ble l'amour créateur et donc aussi le sens de l'ordre cosmique fruit de cet amour. Ainsi sauvé, l'homme peut alors accéder à sa véritable raison d'être: ce saint qu'il est appelé à devenir, de par sa vocation propre; celui-là qui, à sa manière, vit et chante la louange de l'amour ( 112 ) 3 - « Quia sanctissimus Pater de caelo, Rex noster ante saecula misit dilectum Fi– Iium suum de alto et operatus est salutem in medio terrae [Ps 73, 12] ». ( 113 ) « L'arbre de vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal »: Gn 2, 9. Lors de la tentation, Adam et Eve, sous l'instigation de l'ennemi, mésin– terprètent cette ordonnance première et considèrent l'arbre de la connaissance du bien et du mal comme celui « qui est au milieu du Jardin »: Gn 2, 3. · ( 114 ) Cf. la notion d'Axis mundi explicitée par MIRCEA ELIARDE in Images et Symboles. Es– sais sur le symbolisme magico-religieux (Coll. « Les essais », 60), Paris 1952, 33-72.