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44 Gagnan Jésus traverse cette souffrance parce que, pour son Père, il ac– cepte de supporter les opprobres de ceux qui en veulent à Dieu son Père. Par obéissance filiale, le Christ accepte de recevoir au visage les crachats de ceux qui refusent d'appartenir en esprit à la maison royale du Père, et accumulent sur le Fils les coups de la haine que ce refus engendre en leur cœur et qu'ils ne peuvent porter directement au Père. En faisant mourir le Fils, non seulement ceux-là assouvis– sent leur haine vis-à-vis de Dieu, mais pensent atteindre cette royauté même en tuant l'héritier. L'obéissance de Jésus n'est pas qu'abandon passif: « Père saint, le zèle de ta maison m'a dévoré», et le « Père saint » apparemment sans raison par lequel François introduit, au milieu de l'explication de Jésus, cette manifestation d'ardeur, souli– gne, en fait, son importance récapitulatrice. Le symbolisme de la « maison de Dieu » tient trop de place dans la vie de François pour que sa résurgence au cœur de l'explication du «pourquoi» de la Passion soit ici fortuite. N'oublions pas que c'est par la vision d'un « palais seigneurial» rempli d'armes mar– quées de la croix que François décide de servir l'unique Seigneur; que c'est en réparant des églises, « maisons de Dieu», que François a vécu le temps de sa conversion; que c'est en voyant en songe Fran– çois soutenir le Latran « maison de l'Eglise de Dieu» qu'Innocent III comprend qu'il doit prendre le saint au sérieux; et que c'est par le récit parabolique de François où il est question de fils devant aller retrouver la « maison royale de leur Père», que ce même pape ac– cepte de reconnaître la fondation franciscaine ( 77 ). De plus, l'image resta gravée au cœur du saint comme type privilégié de sa médita– tion. Dans l'écho du texte de Jean où Jésus dit à la samaritaine que c'est en esprit et en vérité et non plus en un temple de pierre que dorénavant les hommes doivent adorer Dieu, François paraphrase le Pater en montrant comment le ciel, « maison de Dieu», est essen– tivement dans le cœur de tous les hommes dans le mesure où ceux– tivement dans le coœur de tous les hommes dans le mesure où ceux– ci sont appelés à devenir saints (' 8 ). L'amour de François pour toute la création tient encore de ce sens de la maison de Dieu: Dieu habite (") Concernant la manière dont François vécut ce symbolisme du temple, cf. notre étude Le bâtisseur d'églises, in Etudes Franciscaines 55-56 (1970) 343-390. (78) « [ •••] Qui es in caelis: in angelis et in sanctis [...]. Adveniat regnum tuum: ut tu regnes in nobis [...] »: Exp. Pat. (ES 158-161, DV 161-164).

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