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24 Gagnan références. Ajoutons qu'au cours de l'office, le narrateur Jésus s'adres– sera encore ainsi sept fois à son Père: trois fois selon l'expression « Mon Père très saint» (Matines 11; Prime 3; Sexte 15) et quatre fois selon celle de « Père saint» (Complies 9; Tierce 9; Sexte 9; No– ne 12). Jésus nous est donc présenté comme celui qui, devant nous et avec nous, pour peu que nous ne fassions pas que lire cet office mais aussi le « récitions », rappelle à son Père cette geste qu'il lui a déjà dite (le mot « annuntiavit » est ici plus intentionnel; Jésus a fait œuvre de « nuntius » vis-à-vis de son Père: il lui a dédié cette geste en la lui racontant (") lors même qu'il l'accomplissait; lors même que le Père avait sous les yeux les larmes de son Fils. Et nous souli– gnons au passage combien, tout au long de l'Office, François va insister sur ce constant recours de Jésus à la perception sensible de son Père et plus particulièrement dans l'introduction des psaumes: « Regarde ma prière, tends l'oreille à ma supplication » (Matines 2); « à l'ombre de tes ailes, j'espère» (Prime 2); « Je répands ma prière en sa présence (textuellement: sous son regard)» (Sexte 2). Jésus fait appel à la vue, à l'ouïe, et au toucher de son Père. Les larmes dont il est question ici symbolisent toute la souf– france qu'a dû endurer le Christ au long de cette tribulation que lui ont fait subir le ennemis, ceux qui ont comploté contre lui. Et d'un trait François situe ces ennemis: ceux qui, contre Jésus, ont changé le bien en mal; c'est-à-dire, dans l'écho du texte de la Genèse ( 34 ), ceux qui ont mangé du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, ceux qui violent l'appartenance divine du Bien pour tenter de se l'approprier et, ce faisant, finissent, en fait, par intervertir le Bien et le mal. Dans une de ses Admonitions, François explicitait ainsi la mécanisme d.e cette appropriation, montrant comment l'or– gueil arrive à pervertir en l'homme ce sens fondamental de l'appar– tenance divine du Bien: « Manger de l'arbre de la science du bien signifie: s'approprier sa volonté et s'enorgueillir du bien que l'on fait, alors qu'en réalité c'est le Seigneur en nous qui l'accomplit en paroles ou en actes. Mais on écoute les suggestions du démon, on enfreint la défense; le fruit de la science du bien se transforme alors (") Cf. L. GALLANT, Dominus regnavit, 422. (34) Gn 3, 1-24.
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