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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE 7 leur prince-évêque et du duc de Savoie, sollicitèrent l'appui des Bernois; ceux-ci le leur promirent à condition qu'ils embrasse– raient la nouvelle religion qu'eux-mêmes professaient depuis trois ans. « Les Genevois, écrit le P. Charles de Genève, (r) qui avaient été longtemps partagés de sentiments sur la religion, embrassèrent ensuite ouvertement la nouvelle ; les Ecclésiastiques et les Reli– gieux firent des efforts pour s'opposer à ces nouveautés ; ils ren– dirent témoignage à la vérité et protestèrent contre la violence ; mais les passions des hérétiques étant en liberté d'agir et de faire éclater leur haine, leur rage se produisit tout entière, sans dégui– sement et sans contrainte; toutes les églises furent forcées, les autels renversés, les croix abattues, les images jetées au feu, les vases sacrés enlevés, les ecclésiastiques chassés, les monas– tères ruinés et les Religieux, qui ont toujours été l'objet de la haine des hérétiques, exposés aux insultes de l'effronterie et de la fureur de la populace, en sorte qu'on ne vit jamais mieux qu'en cette occasion, ce que l'expérience de tous les siècles a montré, que l'hérésie n'étant qu'une impiété déguisée, ruine insensible– ment tous les vrais sentiments de religion il. (z) A la suite de ces événements, « le siège de l'évêque fut transféré à Annecy, où les ecclésiastiques et les Religieux s'étaient réfugiés ; l'hérésie qui faisait de si étranges ravages dans Genève, se ré– pandit peu de temps après dans les provinces voisines, poussée par la passion et par la puissance des Bernois, ses partisans)), (3) cc Durant tout le temps, raconte un auteur ancien, que la gen– darmerie de Berne demoura dans Genève, tout à l'entour on ne fit que brusler, piller et saccager chasteaux, cures et maysons, principalements des gentilz hommes et des presbstres )). Malgré tout, la masse du peuple resta inébranlable dans la foi des ancêtres. Le dimanche venu, plutôt que d'assister au prêche, les catholiques préféraient s'enfermer dans leurs demeures ou aller entendre la messe dans les paroisses qui ne subissaient point la tyrannie des Bernois ; là encore ils allaient faire bénir leurs mariages, baptiser et instruire leurs enfants. Tant de cons- Les ramener « au port de la, communion catholique n, telle fut la mission cle 1'héroï:iue Prévôt cle Genève (1594-1598). Cf. Lettre de saint François de Sales à Clhnent VIII, (Œuvres, t. XIH, 228, passim). (r) Voir sur sa valeur historique notre Introduction aux Capucins en Savoie. (2) Histoire abrégée des Missions des Capucins de Savoie, p. II, (3) Ibid., p. 12.
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