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tE P. CHiiRUBIN DE MAURIENNE 79 Les registres du Conseil de Genève rapportent à ce sujet une lettre du P. Chérubin à un habitant de la ville, dans laquelle se trouvent les lignes suivantes : « Certains voisins du lac ont donné icy un advis de certaine sortie qu'on debvoit faire de notre ville. Je ne le crois pas, car vous sçavez la conséquence, troubles et suyte que cela tire. Que s'il y avoit des mouvements à cela, comme le monde y est sujet, je vous prie, asseurez ceux à qui touche, que je m'emploiray jusqu'à mon sang, afin d'apporter paix et tranquillité pour un chacun, car je diray avec Saint Paul: Arma militae nostrae sunt spiritualia. « Les armes avec lesquelles nous combattons sont spirituelles». Je prie Dieu vous eslagir sa grâce (Février 1609). Ce document publié par M. le Chanoine Fleury, est accompagné d'une réflexion qui n'est pas sans portée ; on y lit : « Ces senti– ments du P. Chérubin sont bien contraires à ceux que lui prêtent quelques auteurs, qui ont fait de ce missionnaire un homme échauffé, ne rêvant que l'extermination des protestants>> (1). C'est vrai; un exterminateur n'a guère envie de verser son sang pour procurer la paix et la tranquillité de ses frères ... égarés. Une difficulté d'une importance capitale se présenta. Les nombreuses stations, répandues çà et là, en Savoie et en Suisse, absorbaient tous les missionnaires d'une part; de l'autre, la Province de Lyon dont dépendait la Savoie, ne pouvait plus, à cause de ses besoins, fournir de nouveaux sujets!. .. Livrée à ses seules forces, la Savoie devait-elle, à ses risques et périls, pour– suivre sa tâche, ou bien, faute de combattants, cesser le combat ?.. Grave affaire! Afin de la résoudre au mieux de la religion, le P. Commissaire apostolique, pressé par les circonstances, courut à Rome. C'était son troisième voyage en dix ans. Il partit de Chambéry, passa par le Chablais et le Valais, franchit les Alpes par le Grand Saint-Bernard et arriva à Aoste (13 mai 1609). La suite de son itinéraire est inconnue. Arrivé dans la ville des Papes, il ne tarda pas à être introduit auprès du Souverain Pontife, Paul V, dont il conservait un si pieux et reconnaissant souvenir. Malgré sa sollicitude pour toutes les églises, le Vicaire du Christ n'avait point perdu de vue celle du Chablais. Après avoir prêté une oreille attentive à la relation du P. Chérubin, il approuva avec une paternelle sympathie les conclusions qui lui étaient soumises. « Sa Sainteté, désirant donner un témoignage illustre de la satisfaction qu'elle avait des bons services que nos Mission- (1) Cité par TRUCHET, Op. cit., p. 290.

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