BCCCAP00000000000000000000703

LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE avide de l'écouter, était si nombreuse qu'elle ne put toute y pé– nétrer; pour la satisfaire, il dut multiplier ses prédications. Elles étaient vraiment évangéliques, instructives et prenantes : << Voyez comme on nous trompait! s'écriaient les auditeurs. Les Capucins prêchent véritablement l'Évangile ; ils ne craignent pas d'exposer la doctrine de l'Église et c'est d'eux que nous la voulons apprendre ». Les hérétiques s'irritaient de voir l'ascendant que le Mission– naire prenait sur le peuple; la rage leur déchirait le cœur; ils grinçaient des dents contre lui; juraient de ne plus le laisser monter en chaire. Mais il veut passer outre : «Ne prêchez pas ! lui crie-t-on, ne prêchez pas : des forcenés, munis d'un poignard, sont décidés à fondre sur vous si vous parlez ! » A partir de ce jour, le P. Chérubin dut cesser de prêcher à Sion, sa vie n'y étant plus en sûreté. Le supérieur de la Mission le rappela à Thonon,« ne voulant pas, dit le P. Charles de Genève, exposer un si grand homme aux insultes et à la fureur de ses ~nnemys )), Son départ plongea les catholiques dans la désolation; les protestants, eux, chantèrent victoire: ils triomphaient. Soucieux de l'avenir de la religion, le Chapitre supplia le Missionnaire de ne point abandonner le pays et adressèrent à cet effet, une re– quête au supérieur de la Mission de Thonon. Pour éviter toutes complications, le P. Chérubin descendit dans le Bas-Vallais où il continua son ministère d'apôtre, soit dans les différentes églises, soit sur les places publiques afin d'être entendu des hérétiques. Cependant l'absence du vaillant missionnaire causait un vide que rien ne pouvait combler. «Après mûre délibération, Mgr Adrien Riedmatten, (I) évêque du diocèse et successeur de son oncle, Mgr Hildebrand Riedmatten, écrivait au P. Chéru– bin : «les suffrages du clergé et des magistrats vous appellent... comme un autre sauveur de Sion, comme l'apôtre du Valais, pour travailler à l'œuvre de l'Évangile... nous vous attendons avec joie, avec impatience et avec amour i>. (2) Ces instances, dont est l'objet le P. Chérubin, sont une preuve évidente des hautes et religieuses qua.lités qui le caractérisent. S'il eut été un missionnaire turbulent, outré, brouillon - comme d'auèuns l'ont écrit - il est bien certain que l'évêque, le clergé, (1) Il sut être à la hauteur de sa tâche lorsqu'il fut appelé (17 décembre 1604) sur le siège de Sion ; il favorisa de tout son pouvoir les prédicàtions des Capucins. (2) TRUCHET, op. cit., p. 275.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz