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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE Thonon, François de Sales avait remarqué cc la très grande fa– tigue qu'éprouvait le P. Chérubin)). Peu après, (le 23 octobre 1598), le nonce lui-même manifestait au cardinal Albrandini ses appréhensions à l'endroit du P. Chérubin : cc Ce Père étant si zélé, j'incline à croire qu'il se trame quelque chose de grave contre lui >). (r) En effet, un piège lui fut tendu. «Le P. Chérubin, raconte le P. Boniface Constantin, S. J. avait été jeté dans une maladie par la malice des hérétiques de Thonon, à ce que j'ai appris des Pères du mesme Ordre, et d'un escrit que la digne Mère de Chantal m'a fait voir, que l'on croit être de Bèze (2). Et ce, par le moyen d'un parfum, comme il se chauffait en hiver, qui tendait à lui renverser la cervelle)) (Op. cit., 229). Ce qui, hélas! arriva: le P. Chérubin n'était plus maître de soi! ... François de Sales, en voyage à Rome, est aussitôt avisé. Il répond: «Rome, mi-janvier 1599... le Cardinal de Santa-Severina me dit que Monseigneur le nonce sollicitoit de me faire depescher pour aller vers vous en l'absence du bon P. Chérubin, lequel, a ce qu'on nous advise de deça, est tombé en une très lamentable infirmité ; et Sa Sainteté et ces messieurs du Saint-Office, bref tous les bons regrettent infiniment cest accident, et pour la valeur de la personne, qu'il rend inutile, et pour le bruit qu'en feront les adversaires, qui, n'ayant aucune rayson pour leur opiniastreté, font bouclier de tous les sinistres evenements qui nous arrivent, pour naturelz et ordinaires qu'ilz soyent )), (3) Ailleurs, (Let. LXXIX) il ajoute: cc C'est une mauvaise bête que l'hérésie : elle sait exploiter tout événement fâcheux J>, Le 28 janvier r599, le nonce de Turin écrivait au «Très Révé– rend Prévôt de Genève à Rome:« ... Je pense que déjà vous avez connaissance du malheur de notre P. Chérubin, lequel, au com– mencement de décembre, commença à souffrir de troubles céré– braux (delirio nell'intelletto) qui sont allés toujours augmentant, comme m'en ont informé le P. Gardien d'Annecy et le P. Pro– vincial, par lettres du r2 janvier. Aussi, pour la gouverne de Mgr de Genève, j'ai répondu à ces Pères qu'on l'ôtât le plus tôt possible de Thonon et qu'on le conduisit en quelque lieu agréable où, loin de toutes occupations, il pourrait peut-être, avec la grâce (r) Etud. Fancisc., an. 1899, t. I, p. 673. (2) Un fait certain, c'est que Bèze, alors que le public ignorait encore l'état mental du P. Chérubin, lui, le connaissait et en informait les ministres de Berne, 30 Janvier 1599. (Cf. FLEURY, Saint François de Sales, etc., p. u2). Comment le savait-il ';<.. (3) Œuv., t. XII, p. 4. 5

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