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66 LE P. CHÉRUBIN DE; MAU'RIENNE; A la même date, le même personnage rapporte au cardinal Aldobrandini les étonnants succès du P. Chérubin: cc Les résul– tats obtenus dans les pays de son Altesse, aux confins de la Suisse, par ses prédications et ses discussions avec les hérétiques de Genève, opéraient des choses prodigieuses pour le service de la religion catholique>> (I). Mais voici qui est plus grave. Le I9 janvier I599, Charles-Emmanuel mandait au Gouverneur du Chablais, se trouvant depuis quelques jours à Chambéry, de regagner prestement Thonon, parce que « Votre présence, dit-il, eut été cause que l'on aurait plus tost levé le P. Chérubin de ce lieu ou vous escrivez qu'il apporte tant de scandalle, à quoi il faut travailler avec toute dextérité... >> Le 2 février suivant, le duc revient à la charge: cc Nous voyons par diverses lettres du P. Chérubin comme il continue en ses premières imaginations. Il pourrait résulter de sa conduite de pernicieuses conséquences pour peu que le P. Chérubin se laissa emporter à quelques effets, il nous a semblé de dépescher Compois pour le persuader de se retirer à Necy, sans passer plus avant en ses dites imaginations. En cas de plus grande résistance, nous désirons que entre le ma_rquis de Lullin, l'evesque de Genève et vous il y soit pris un prompt expédient, car desja debvroit avoir esté faict pour obvier à tout scandale>>. (2) Tout cela est-il vrai ? Oui, si les faits sont acceptés sans qu'il soit nullement tenu compte des circonstances qui les ont occas– sionnés. Or, il n'est jamais permis, pas plus en histoire qu'en morale, de juger de cette manière les actions d'autrui. Effecti– vement, autres sont celles d'un homme ivre ou endormi, autres celles d'un homme qui ne l'est point. Ce qui revient à dire que pour apprécier équitablement, en l'espèce, la conduite du P. Chérubin, il est de toute nécessité de bien connaître les conjonc– tures dans lesquelles il aurait causé« tant de scandalle >>. Disons-le sans ambages, aux dates indiquées par les lettres précitées, la santé de notre Missionnaire ne laissait pas que d'inquiéter. Prédications nombreuses et véhémentes, conférences répétées avec les ministres de Genève, pompes extérieures données au culte, surmenage de tout genre supporté dans l'exercice du saint ministère, rien ne put épuiser son zèle; mais sa santé s'altéra au point qu'après les absorbantes fêtes des Quarante Heures, à (r) Ibid., an. IX, fasc. VI, p. 634. (2) Revue Savais., an. 1872, pp. 23, 24.

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