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LE P. CHtRUBiN DÈ MAURIE:NNE 63 du conseil avait-il outrepassé les intentions du prince et recouru à des menaces de confiscation ? L'affirmation des Bernois, sec– taires haineux, se basant sur les dires tendancieux des calvinistes de Thonon ne suffit pas pour le démontrer. Du reste, rien dans le caractère d'Antoine Favre, «l'une des plus riches âmes et des mieux faittes que nostre aage ayt portées)), ne permet même de le supposer. Cependant, «le P. Chérubin éveille à la cour de Turin les plus grands soucis, de sérieuses inquiétudes ; il soulève des incidents inattendus par des procédés qu'elle répudie et qui ne sont pas dignes d'un apôtre )), «Plus tard, le 31 décembre 1597, le duc Charles-Emmanuel, lui-même, qui est très favorable personnellement au P. Chérubin, écrit pour rappeler officiellement à l'ordre le turbulent collabo– rateur qui a substitué au doux fardeau de la charité, les voies de fait et les menaces)) (1). C'est assurément pour toutes ces raisons l... que Charles-Emma– nuel (septembre 1598) écrit au P. Général des Capucins le priant de« nous le laisser (le turbulent P. Chérubin) pour achever l'œuvre qui a été si bien commencée par luy )), (2) Que valent ces accusations ? Sont-elles démontrées ? Nulle– ment, or il le faudrait car, en l'espèce, la preuve incombe à celui qui accuse sinon ses dires « sont des mots, des paroles, et rien de plus )), Mais la lettre du prince, mentionnée plus haut, n'est-elle pas une preuve ? Oui, sans doute, si elle contient les griefs allégués. Or, y sont-ils ? Lisons: « ... Nous disons en response que nostre intention aiant toujours esté de donner l'avancement possible au service de Dieu et l'exaltation de son Église généralement riesre (dans) nos estats et particulièrement de remettre rière (dans) le Chablais la mesme foi et vraie religion que nos prédéces– seurs y avoient si soigneusement plantées avant que ces usur– pateurs du pays en heussent desbauché nos bien amez subjects. Nous avons sur cette considération volontiers presté l'oreille à ceulx qui nous ont proposé leur soing, leur talent, et leur industrie pour la perfection d'un si bon œuvre, et tels ayant esté le Père Chérubin et le président Favre nous appréciames le zèle qui les poulsait d'y volloir fere quelque notable fruict. Il est bien vray que nous estimions que ce deubst (dût) estre par le moyen {r) J. Vuv, A propos de la Mission du Chablais, pp. 20, 21, (2) Œuvres, t. XI, 449.

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