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62 LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE nommé frère Chérubin de l'ordre des Capucins, venu pour les divertir de la religion en laquelle ils ont été nourris et élevés, avec aultres procédures tenues à leur endroict, tendantes (comme nous avons entendu) non seulement au préjudice des dictz de Thonon, pour forcer leur conscience, mais aussy nous veulent attoucher nostre honneur et réputation, comme aussi les traictés d'accord entre illustre prince et seigneur Emmanuel-Philibert de très digne mémoyre et nous faicts et passés, par lesquels les dicts sujets de Thonon et autres debvoyent estre laissés à leur religion, comme de mesme par la bénigne permission de Son Altesse ils avoyent esté maintenus >>. (r) Invoquer les traités, c'est bien, mais les observer est mieux. Or, ces Messieurs de Berne ont omis de dire qu'eux, les premiers, les avaient violés; omis encore de dire que s'ils n'étaient pas eux– mêmes venus, soixante ans auparavant, divertir par la violence les habitants du Chablais de la religion en laquelle ils avaient été nourris et eslevés, le P. Chérubin n'aurait pas été obligé, par devoir, de venir les y ramener. Quant aux reproches concernant les menaces de confiscation de corps et de biens, ils s'adressent beaucoup plus au président du conseil genevois, et juriste éminent, Antoine Favre, qu'au missionnaire capucin... Le souverain de Savoie l'avait, effecti– vement, envoyé pour presser les habitants de Thonon d'assister aux prédications des missionnaires catholiques; et, qui plus est, cela à la demande du Prévôt, comme l'établit la lettre suivante: cc ... Playse donques à Votre Altesse fair escrire une lettre aux scindiques de ceste ville (Thonon), et commander à l'un des messieurs les Sénateurs de Savoye de venir icy convoquer géné– ralement les bourgeois et en pleyn'assemblée, en habit de ma– gistrat, les inviter de la part de Votr'Altesse à prester l'oreille, entendre, sonder et considérer de presles raysons que les precheurs leur proposent pour l'Église Catholique, du giron de laquelle ilz furent arrachés sans rayson par la pure force des Bernois; et ce, en termes qui ressentent la charité et l'authorité, vers un peuple desvoyé... Et s'il plaict à Votr'Altesse y employer mon– sieur le sénateur Favre, je tiens que son affection et sa suffisance y serait extremement sortable>>. (z) Le saint Apôtre ne parle pas, évidemment, de moyens coerci– tifs, mais cc d'une douce violence qui les contraindra>>. Le président (.c) Revue Savoisienne, Février 1872, p. 13. (2} Œuv., t. XI, 169.

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