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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE 59 Ces préliminaires posés, arrivons à l'accusation portée contre François de Sales. Tout d'abord l'authenticité du fait raconté par Charles-Auguste est-elle à l'abri de tout soupçon ?... Rien de moins évident. A quel titre, en effet, le « sieur Médard>> aurait-il reçu les confidences qu'il dit tenir « d'un très illustre prélat )) ?... Comment celui-ci se serait-il permis de révéler à un « chanoine i> sans mandat, de passage à Rome, étranger au diocèse de Genève, des choses devant être secrètes et ne le regardant d'aucune fa– çon ?... Cela ne cadre point du tout avec la traditionnelle dis– crétion romaine. Qu'importait, d'ailleurs, au P. Chérubin la lecture des perni– cieuses éditions : son champ d'apostolat n'était plus alors le Chablais, mais le Valais. Est-ce que ces deux noms de lieu, aux mêmes consonances, n'auraient pas causé certaine confusion... géographique, dans l'esprit du « Chanoine de la cathédrale de Verdun» ? Supposition fondée. Lorsque, d'après les désirs de Clément VIII, le P. Chérubin vint en Valais relever les ruines amoncelées par les protestants, il trouva à Sion un évêque dont la débilité sénile était grandement préjudiciable au catholicisme. « Clément VIII, rapporte un historien, ne vit pas d'autres moyens pour remédier à un si grand mal et d'en empêcher la consomma– tion, que d'y envoyer des missionnaires. Le nonce de Turin fut chargé d'y pourvoir: il en écrivit au P. Chérubin, capucin, alors occupé au célèbre jubilé de Thonon, et à qui le Souverain Pontife avait fait une obligation expresse, à son départ de Rome, de travailler à la conversion du Vallais ». (r) Jusque-là, toutefois, le Saint-Siège ne resta pas inactif. Bien avant l'arrivée du P. Chérubin et de ses aides, il dut agir contre l'indolence de l'évêque. Déjà, en 1592, Clément VIII lui écrivait: « ... L'accomplissement de notre devoir nous oblige de vous exhorter, à cause des hérétiques qui sont à votre porte, à veiller au danger, à écarter du troupeau du Christ les loups envoyés par le diable, afin que l'hérésie soit extirpée dans ces parages. Prenez aussi vos précautions pour que les germes de l'erreur ne repoussent pas, mais que vous en étouffiez toute racine et en arrachiez la moindre fibre. Nous vous exhortons de nouveau et nous vous pressons de mettre la main à cette œuvre avec la plus grande diligence possible. » Deux aùs après ces graves avertissements, l'évêque n'ayant pas répondu à l'appel qui l'invitait à venir à Rome rendre (1) M. BocCARD, Histoire du Valais, p. 197.

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