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LE p; CHÉRUBIN DE MAURIENNE. 57 venoit que le pluspart, se laissant porter à la lecture de ces per– nicieuses éditions, estoyient ébranlez en la foy, voire choppoyent bien souvent avec plus de scandale; et elle eust voulu qu'il eust pris soing d'empescher ce malheur par tous moyens. Le bon Prélat, entendant que le Vicaire de Jésus-Christ estoit fasché contre luy, fust saisi d'une très poignante douleur d'esprit. Il ne s'arresta point à reprendre le zèle téméraire du P. Chérubin, qui avait été cause de tout cela : certes, tout autre que luy s'en fust fort bien ressenty: mais à la mesme heure escri– vit à Rome à ce mesme cardinal duquel le rapport estoit venu, et l'instruisit amplement du tout, à fin qu'il appaisast l'esprit du Pape ». (r) Quelques remarques. Tout d'abord Charles-Auguste doit-il être cru sur parole ? Il ne serait pas prudent de le faire toujours. La critique historique, en effet, lui reproche de manquer parfois de discernement, de justice et d'exactitude. Jeune encore - il n'avait que vingt-huit ans - quand il écrivait la biographie de son saint oncle, il n'avait point la ma– turité de jugement qu'exigeait la grandeur de sa tâche. « On s'aperçoit trop fréquemment de l'inexpérience de !'écrivain, par l'emphase des termes, par des réflexions prolixes, qui prennent regrettablement la place des faits, par l'étendue exagérée qu'il donne à certains faits minutieux, par les omissions de faits d'un intérêt capital, dont il eût pu si facilement s'instruire dans son heureuse position, s'il avait pu diriger plus convenablement ses recherches... Notons qu'il n'a pas su profiter des innombrables lettres du saint évêque qui n'en gardait jamais copie)) (2). Charles-Augsute semble oublier que la devise unicuique suum est aussi bien celle de l'histoire que de la justice. Au lieu de rendre à chacun selon ses œuvres, il ne considère que son héros! Est-ce que tout homme n'a pas reçu son don particulier, l'un d'une manière et l'autre d'une autre ? On dirait qu'il « affectait de taire ou rabaissait les travaux des autres missionnaires du Cha– blais; l'injustice était si notoire même de son temps, qu'elle indisposa contre lui non seulement les ordres religieux du diocèse de Genève, mais les ecclésiastiques et les fidèles, et suscita de toutes parts de vives réclamations» (3). (r) CHARLES-AUGUSTE, Histoire du Bienheureux François de Sales, t. H, p. 20. Paris, Vives, 1857. (2) TRUCHET, Op. cit., p. 323. (3) PÉRENNES, Histoire de saint François de Sales, t. I, p. XVI, not.

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