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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE 47 historien de l'époque, mais alors, il semblait qu'il se surmontât soi-même, et qu'étant ravi le premier, il ravit l'âme et l'esprit des autres à une admirable et surnaturelle contemplation de la révérence que l'on doit à ce très saint Sacrement» (r). Vers le soir de cette admirable journée, une nouvelle manifes– tation catholique se déroulait dans les rues de la ville. Les mem– bres de la Confrérie du Saint-Sacrement portaient processionnel– lement une longue et pesante croix de bois destinée à remplacer celle, fort vénérable, que les Calvinistes avaient abattue. Là, sur le lieu même de l'érection réparatrice, en présence de Son Altesse, des évêques et de plus quatre mille personnes, au milieu des cantiques, dont les foules faisaient retentir les airs, au bruit des fanfares, des tambours et des décharges de mousqueterie, se dressait le signe de notre rédemption. Joie indescriptible de la foule: «car ces merveilles sont au-dessus de toute parole, et même au-delà de toute pensée ». L'imposante cérémonie terminée, l'assistance se dirigea vers l'église Saint-Augustin pour y faire l'oraison des Quarante Heures et« ou'ir le sermon si beau du P. Chérubin sur la louange de la Croix. Il dit plusieurs choses sur la croix de Savoie, et fit remarquer que les Princes de Savoie avaient toujours signalé leur zèle pour la défense de la Croix. J'ai lu, dit le P. Charles de Genève, quelques fragments de ce sermon, et je puis affirmer qu'il serait malaisé de trouver une pièce de cette nature où il y eût plus de force et de pénétration ; car, soit qu'il parle au peuple, soit qu'il s'adresse au duc ou qu'il apostrophe la Croix, il a partout des pensées nobles, hardies et relevées». Les Quarante Heures touchent à leur fin. Une immense pro– cession, où est porté le Saint-Sacrement, à laquelle prennent part le duc, sa cour, l'évêque, le clergé et le peuple, parcourt la ville : «quantité de pots de feu et d'autres luminaires éclairent les mai– sons et les rues; on avait allumé sur les bords des fenêtres un grand nombre de chandelles qui illuminaient toute la ville, et inondaient de clarté tous les endroits où le Saint-Sacrement passait». Le Légat, profondément ému des grandes choses qu'il avait vues de ses yeux, en témoigna toute sa satisfaction. «Avant son départ, il exhorta le P. Chérubin et les autres prédicateurs capucins à continuer à travailler avec zèle à la conversion des (r) Hist. abr., 65-66 passim.

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