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42 LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE Mais tout cela fut en vain, car ni les ministres, ni le professeur, n'avaient nulle envie de combattre contre des gens qui leur avaient ôté toute espérance de pouvoir vaincre>>. (r) « Le vingtième de septembre, qui tombait un dimanche J>, s'ouvrait la solennité des Quarante-Heures. Mgr de Granier, évêque de Genève, était parti de sa Seigneurerie de Viuz-en– Salaz, pour se rendre à Thonon. De nombreux ecclésiastiques l'avaient suivi. La cérémonie débuta par la réconciliation de l'église Saint– Augustin, profanée depuis l'invasion des Bernois. Comme elle était trop étroite pour contenir les foules qui s'annonçaient, le P. Chérubin, chargé des préparatifs, fit élever sur la place un vaste oratoire en charpente et le décora splendidement afin d'y exposer Jésus-Eucharistie. Tout auprès, il dressa un théâtre: l'exemple d'Annemasse avait montré combien de saintes repré– sentations étaient propres à attirer les fidèles et à les édifier, tout en leur procurant <l'innocentes récréations. En présence d'une grande foule, Mgr de Granier célébra ponti– ficalement la messe dans l'église Saint-Augustin; il y consacra plusieurs autels, bénit des ornements sacerdotaux, conféra la confirmation et les saints ordres, deux sacrements qui n'avaient pas été administrés à Thonon depuis plus de soixante-trois ans. Plusieurs hérétiques restituèrent spontanément divers objets sacrés, qu'ils avaient affectés à des usages profanes. La grand'messe achevée, le Pontife fit l'ouverture des Qua– rante Heures par une procession générale au cours de laquelle il porta le Saint-Sacrement, avec toute la pompe et toute la magnificence possibles, à travers les principales rues de la ville de Thonon; il était précédé d'un grand nombre de prêtres; derrière le dais suivaient le Gouverneur de la Province, l'avoyer (premier magistrat) de Fribourg, les membres de la noblesse et une foule innombrable. Jamais le Chablais n'avait été témoin d'une pareille manifestation. Trois jours durant se succédèrent, d'heure en heure, devant le Saint-Sacrement exposé, quarante processions venues de toutes les parties de la Savoie. Le P. Ché– rubin leur fit la première prédication avec tant de ferveur et de zèle, qu'il remua les personnes difficiles à émouvoir ; à l'issue de la prédication, Mgr reçut l'abjuration de trois cents paroissiens de Bellevaux, venus à la prière des Quarante-Heures, la tête et les pieds nus... Ce même jour de dimanche, plus de deux cents (1) Ibid.

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