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LE P. CHÉRUBIN DE MAURIENNE reprît solennellement possession du Chablais, d'où le Calvinisme l'avait banni depuis plus de soixante ans. Les fruits merveilleux qu'avaient produits les Quarante Heures d'Annemasse, l'inci– tèrent à les établir dans la capitale, pour qu'elle bénéficiât des mêmes avantages. Le Prévôt de Sales, auquel notre missionnaire communiqua son pieux dessein, le goûta beaucoup et s'efforça de le faire réussir. Par une lettre, il informe le nonce de l'heu– reux projet. «J'ai reçu des lettres du P. Chérubin et de M. d'Avully touchant le dessein qu'ils ont conçu ensemble de célébrer les prières des Quarante Heures à Thonon le plus dignement possible; puis, après les Quarante Heures, de proposer officiellement des disputes théologiques. Tous les hérétiques des environs seraient invités à y assister, afin de ne négliger aucune tentative pour ébranler ces âmes infectées d'hérésie. J'envoie donc leurs lettres à Votre Seigneurie Illustrissime ; et, pour dire en même temps ce qu'il me semble, je vous prie de croire que, quant à l'exercice des Quarante Heures, il ne peut être que très fructueux. Nous en avons déjà fait l'expérience l'année dernière à celles d'Annemasse. Un grand mouvement se produisit alors dans les consciences des hérétiques qui en furent témoins; un certain nombre d'entre eux se convertirent, et les catholiques en reçurent une grande consolation. J'espère qu'à Thonon, cette dévotion sera encore plus opportune et plus utile. Quant aux disputes, j'ai la ferme confiance qu'elles apporte– ront une très grande édification, malgré toutes les raisons qui sembleraient contraires; car, ou les hérétiques ne viendront pas, et alors la victoire nous demeurera, ou bien ils viendront, et dans ce cas nous prouverons que la raison et la vérité sont de notre côté)), (r) Quelques jours après, dans une autre lettre au nonce, le Pré– vôt parle de nouveau des Quarante Heures: «... La nouvelle s'en étant répandue dans les environs, on se dispose de tous côtés à venir assister à cette dévotion, non seulement des régions catho– liques, comme de Fribourg, Schwitz et du Valais, mais aussi des territoires hérétiques, comme ceux de Berne et de Genève, ce qui nous donne une très grande espérance de recueillir beau– coup de fruits, à la grande confusion des hérétiques)). (2) Instruit de toutes ces choses par le Prévôt et le P. Chérubin, Mgr de Granier non seulement les approuvait, mais en souhaitait (r) Œuv., t. XI, p. 322. (2) Œuv., t. XI, p. 331.